L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) a mis les petits plats dans les grands, vendredi 20 juin, pour commémorer le centenaire de la naissance de son fondateur, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez (1925-2016). Ou plutôt les « petits » soldats en formation (étudiants du Conservatoire de Paris) dans la « grande » arène des combats futuristes (l’Espace de projection, salle modulable située 16 mètres sous terre) et, de fait, dans les « grandes » campagnes de création qui y ont été menées sous l’égide de l’informatique musicale.
Au programme, trois opus historiques de Boulez. Pour commencer, Anthèmes 2 (1997), qui associe violon et électronique. En principe, un violon… Pas cette fois, car trois violonistes vont se relayer. Karen Nonomura ouvre le ban avec détermination. Son coup d’archet, soudain et puissant, est bientôt suivi par un délicat glissando. Deux contacts de nature opposée avec la corde : une brève morsure (à répétition) et une longue pression (récurrente de loin en loin). Deux gestes qui déclenchent des réactions tout aussi différentes (fantaisie, poésie) dans le champ de l’électronique. Youngseo Kim poursuit avec autorité le jeu de la démultiplication et fait figure de chef de meute informatique dans un cadre qui, bien avant la ruée sur le miroir aux alouettes labellisé « IA » (Intelligence artificielle), semble illustrer le concept de « musicien augmenté ».
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