Trois policiers de la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M), reconnus coupables de violences et menaces en marge d’une manifestation à Paris en mars 2023, ont été condamnés, jeudi 10 juillet, à des peines plus sévères que les réquisitions, allant jusqu’à un an de prison avec sursis. Ces peines ont été assorties d’interdictions temporaires d’exercer.
L’agent qui avait porté deux coups au visage d’un jeune étudiant tchadien, alors que ce dernier était interpellé, assis dos au mur, a été condamné à Bobigny à un an de prison avec sursis, deux ans d’interdiction d’exercer la profession de policier et à une amende de 450 euros. En juin, à l’issue de deux journées d’audience, le parquet n’avait requis contre lui qu’une peine de quatre mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant un an.
Les faits jugés remontent à la nuit du 20 mars 2023, dans un cortège sauvage à Paris, en marge du mouvement de contestation contre la réforme des retraites. Ce soir-là, sept jeunes, soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations, sont interpellés par une équipe de la BRAV-M. L’un d’eux lance alors discrètement un enregistrement des échanges avec les policiers.
Enregistrement audio
Le document audio − dont des extraits diffusés dans les médias trois jours après les faits avaient suscité un émoi jusqu’au préfet de police de Paris − a permis à la justice d’attribuer gestes et propos aux policiers intervenant sur les lieux.
« Toi, je t’aurais bien pété les jambes (…). La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital », avait lancé un agent à Souleyman Adoum Souleyman, l’étudiant qui a toujours nié avoir été un manifestant ce soir-là.
Durant le procès, le policier qui a proféré ces menaces s’est excusé auprès du jeune, qui s’est constitué partie civile. Le tribunal correctionnel de Bobigny l’a condamné à huit mois de prison avec sursis, à une interdiction d’exercer pendant un an, et à 450 euros d’amende.
Ces propos « en aucun cas justifiés », a souligné le président Youssef Badr, constituent « une violence verbale capable de susciter un choc psychologique ». Contre cet agent de la BRAV-M, le parquet n’avait retenu qu’une peine contractuelle d’amende de 450 euros. Pour avoir également tenu des propos constituant des violences verbales, un troisième policier a été reconnu coupable et condamné à 2 000 euros d’amende.