- Le président américain a haussé le ton, lundi, contre Vladimir Poutine, lui donnant « 10 à 12 jours » pour mettre fin au conflit en Ukraine, après lui avoir donné 50 jours le 14 juillet.
- Il a notamment dit envisager des sanctions « secondaires » à l’encontre des pays qui achètent des produits russes.
- Quelles formes pourraient-elles prendre ?
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Ukraine : 4ᵉ année de guerre
Donald Trump semble perdre patience. Lundi 28 juillet, à l’occasion d’une rencontre en Écosse avec le Premier ministre britannique, Keir Starmer, il a fixé à la Russie « une
nouvelle date limite d’environ 10 ou 12 jours
«
pour mettre un terme à la guerre en Ukraine. Le 14 juillet, il donnait un ultimatum de 50 jours à son homologue russe. Comment expliquer ce changement de calendrier et quelles pourraient être ces sanctions ?
TF1info a interrogé Martin Quencez, directeur général risques géopolitiques et stratégie du think tank German Marshall Fund
des États-Unis (GMF).
Pourquoi le président américain a-t-il décidé de raccourcir son ultimatum à Vladimir Poutine ?
Le rythme est donné par Trump, et par Trump seulement. Cette nouvelle deadline
montre son agacement et sa volonté de passer à autre chose car la guerre en Ukraine est un caillou dans sa chaussure depuis janvier (et son retour à la tête des États-Unis, ndlr)
. Face à l’échec des négociations avec la Russie, il a besoin de trouver une porte de sortie.
Vers des droits de douane de 500% imposés à plusieurs pays dont la Chine ?
Quelles formes pourraient prendre les nouvelles sanctions américaines évoquées par Trump ?
Lorsqu’il parle de sanctions « secondaires »
, il a en tête des pénalités touchant les pays qui achètent des produits russes, par exemple des hydrocarbures, afin d’assécher les revenus de Moscou.
C’est avant tout un moyen de donner carte blanche à une proposition de loi portée par le sénateur républicain Lindsey Graham et qui fait l’objet d’un large accord au Congrès. Elle préconise des droits de douane de 500% imposés aux pays, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, qui achètent du pétrole et du gaz russes. Ces pays se verraient donc imposer des tarifs douaniers très importants sur tout achat de biens américains. (L’an dernier, les principaux partenaires commerciaux de la Russie étaient la Chine, pour quelque 34% du total des échanges, ainsi que, dans une moindre mesure, l’Inde, la Turquie et le Bélarus, selon les douanes russes, ndlr).
Est-ce un scénario envisageable ?
Cette loi est forte symboliquement mais très vague dans sa mise en œuvre. D’abord parce que ces sanctions indirectes ne toucheraient pas directement la Russie mais d’autres pays et leurs populations.
Ensuite, cela demanderait au président américain de créer des exemptions car cette loi pourrait s’appliquer à des pays très proches des États-Unis. Par exemple l’Inde, qui est l’un des premiers consommateurs d’énergie russe, mais aussi un allié extrêmement important dans la relation stratégique américaine aujourd’hui en Asie. Même chose pour les Européens, qui continuent d’acheter du gaz liquéfié à la Russie, alors même que Donald Trump a annoncé un accord sur le commerce avec l’Union européenne lundi. Et comment justifier ces exemptions ?
Pour l’instant, ces sanctions secondaires sont une menace pour mettre la pression sur Vladimir Poutine. Mais les Russes ont déjà vu ça, ils ont déjà reçu un certain nombre d’ultimatums de la part de Donald Trump, et n’ont pas revu leurs positions.