Il y a treize ans, alors qu’il n’était qu’un promoteur immobilier en mal de reconversion dans la télé-réalité, Donald Trump avait lâché cette phrase : « Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre l’industrie manufacturière américaine non compétitive. » A l’époque, peu avaient prêté attention à une outrance de plus dans un océan d’extravagances, et personne n’imaginait qu’il deviendrait un jour président des Etats-Unis pour mettre en application ses lubies sur la transition climatique.
Depuis, les « bonnes nouvelles » s’enchaînent. Le changement climatique n’existe plus : il a été rayé d’un trait de plume pour le faire disparaître des documents de l’administration américaine. Logique, c’était un « canular ». Les énergies fossiles ne sont plus une nuisance à l’origine des émissions de CO2, mais un don du ciel, dont l’exploitation doit être encouragée. Exit les éoliennes et les panneaux solaires, dont Joe Bidden avait fait la promotion avec son gigantesque plan d’investissement dans l’économie verte, l’Inflation Reduction Act (IRA). Son tort, il ne visait qu’« à enrichir la Chine ». Seule entorse à ce programme « fossil first », l’achat par Donald Trump d’une Tesla pour sauver la mise à son fervent supporteur, Elon Musk, dont les affaires connaissent des déboires depuis que ce dernier s’est mis à la politique.
De la même façon que Vladimir Poutine ne s’attendait pas à ce que le président des Etats-Unis accède à la plupart de ses demandes à propos de l’invasion de l’Ukraine, Xi Jinping doit, lui aussi, prendre pour une divine surprise que la première puissance mondiale abandonne la course à la transition climatique, qui, qu’on le veuille ou non, structurera l’offre énergétique d’ici au mitan du siècle.
La Chine contrôle déjà 80 % de la production mondiale de panneaux solaires (contre 2 % pour les Etats-Unis), plus de 50 % de l’assemblage des véhicules électriques, des éoliennes et des batteries lithium-ion, et une grande partie de l’extraction minière et du raffinage des composants indispensables à la transition énergétique. Selon les calculs de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine aurait six ans d’avance sur son plan pour atteindre la neutralité carbone en 2060. Alors que Pékin envisage d’accélérer, Washington enclenche la marche arrière.
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