Avec l’apparition du camp de migrants, dit du « kilomètre 24 », comme on l’appelle localement, le paysage des oliveraies d’El Amra, commune agricole de bord de mer, située au nord de Sfax (centre-est de la Tunisie), a été pointillé par de grandes tentes, disposées à intervalles réguliers, dont les structures faites de planches de bois et de tubes métalliques supportent d’épais pans de tissu, protégées par des bâches en plastique noir. Des milliers d’habitants, hommes, femmes et enfants, aux visages tirés, vivent ici dans la précarité, à la merci des aléas climatiques : vent, pluie, froid et fortes chaleurs. L’hygiène y est déplorable. L’accès à l’eau et aux sanitaires est inexistant. On y brûle des déchets pour se réchauffer en hiver.
Des camps comme celui-ci, il en existe des dizaines dans les environs, selon des sources humanitaires. Entre 20 000 et 30 000 personnes y seraient installées, d’après leurs estimations. « Tout ce que vous voyez ici, ce sont les conséquences du blocage de l’Europe », résume François, un Camerounais qui ne souhaite pas que son patronyme soit cité. Toutes les autres personnes interrogées ont requis l’anonymat le plus strict.
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