Ils sont jeunes et déterminés. Ils n’ont connu que « lui », comme ils l’appellent. Lui, le président turc Recep Tayyip Erdogan, à la tête du pays depuis plus de vingt-deux ans, une page qu’ils disent vouloir urgemment tourner. Cette poignée de jeunes gens a été à l’initiative de la fronde qui a déclenché l’embrasement spectaculaire du pays, où des centaines de milliers de personnes descendent dans les rues depuis six jours. Depuis l’arrestation, mercredi 19 mars, chez lui, du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, membre du très kémaliste et libéral Parti républicain du peuple (CHP), bête noire et principal rival du chef de l’État.
Il y a Deniz (tous les noms ont été modifiés à leur demande), 18 ans, étudiant en première année dans la faculté de communication à l’université d’Istanbul. Baris, 20 ans, fils d’enseignant et étudiant en sciences politiques à l’université de Galatasaray. Ebru, 20 ans aussi, inscrit en sociologie à l’université du Bosphore. Et Eda, 22 ans, en médecine dans la faculté privée Yeditepe.
Génération engagée
Ils se connaissent depuis à peine quelques années. Rencontres dans les AG de partis de gauche, participation à des colloques et des réunions de défense des droits des femmes, des travailleurs, des précaires : tous les quatre font partie de cette génération engagée, plus radicalisée intellectuellement aussi. Ils sont membres ou proches du mouvement étudiant Sol Genç (Jeunesse de gauche) et des différentes plateformes étudiantes très actives dans les campus.
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