Dans une interview à plusieurs médias, Emmanuel Macron en appelle à un « sursaut européen » après l’échec de la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump.
« Il est minuit moins le quart, mais on a encore la main », a assuré le président français qui a tenté de calmer le jeu entre ses homologues américains et ukrainien.
Les chefs d’État ou de gouvernement de l’Union européenne se retrouveront dimanche et jeudi à Bruxelles pour parler de l’Ukraine et de la sécurité européenne.
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Emmanuel Macron espère que les pays de l’Union européenne avanceront rapidement vers « un financement massif et commun » représentant « des centaines de milliards d’euros » pour bâtir une défense commune, dans un entretien à plusieurs journaux de la presse dominicale, publié samedi 1ᵉʳ mars. Les 27 doivent se retrouver ce dimanche et jeudi à Londres et à Bruxelles pour deux sommets consacrés à l’Ukraine et aux questions de sécurité européenne.
« Nous allons donner mandat à la Commission européenne pour définir les besoins capacitaires afin de bâtir une défense commune » car « il faut mobiliser des financements communs avec des centaines de milliards d’euros » et ce de manière « rapide », a-t-il déclaré au Parisien (nouvelle fenêtre). L’entretien a été accordé à la fois au Parisien, à la Tribune Dimanche, au Journal du Dimanche (JDD) et à Ouest-France.
La menace d’un désengagement américain de l’Europe
Pour parvenir à une défense européenne autonome vis-à-vis de l’Otan, « cela prendra 5 ans, 10 ans, mais ce n’est pas grave », a prévenu le président français, cité par le JDD. « Je crois qu’aujourd’hui, c’est le moment d’un réveil stratégique, parce que dans tous les pays il y a un trouble, une incertitude, sur le soutien américain dans la durée », a-t-il ajouté.
La France plaide depuis des années pour la construction d’une Europe de la défense, autonome vis-à-vis de l’Otan et des États-Unis. Et Emmanuel Macron estime que le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui fait planer un risque de désengagement américain de l’Europe, permet d’envisager des progrès dans ce domaine.
Le futur chancelier allemand Friedrich Merz se dit ainsi prêt à s’affranchir de 80 ans de tradition atlantiste en matière de défense, et il a assuré que la sécurité en Europe serait « une priorité absolue dans les prochaines semaines ». Cette inquiétude dans de nombreux pays de l’UE a été accentuée par l’affrontement verbal vendredi entre les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et américain Donald Trump à la Maison Blanche.
Il faut que tout le monde revienne au calme, au respect, et à la reconnaissance
Il faut que tout le monde revienne au calme, au respect, et à la reconnaissance
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a tenté de calmer le jeu après cette altercation. « Je pense qu’au-delà de l’énervement, il faut que tout le monde revienne au calme, au respect, et à la reconnaissance, qu’on puisse avancer concrètement car ce qui est en jeu est trop important », a déclaré le président français.
« Je veux faire comprendre aux Américains que le désengagement de l’Ukraine n’est pas dans leur intérêt », insiste-t-il tout en affirmant que sans freins, Poutine ira « à coup sûr sur la Moldavie et peut-être au-delà sur la Roumanie ». « Il est minuit moins le quart, mais on a encore la main. Nous avons encore les moyens de réussir », assure le chef de l’État.
Selon l’Élysée, Emmanuel Macron s’est entretenu depuis vendredi soir avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Il a en outre échangé avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a reçu samedi le président ukrainien à Londres, ainsi qu’avec le président du Conseil européen Antonio Costa et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.