- À la veille de la fin de l’ultimatum américain envers la Russie, Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu de se rencontrer la semaine prochaine.
- Les deux hommes pourraient se retrouver aux Émirats arabes unis, selon le Kremlin.
- Ce dernier a-t-il cédé aux menaces de la Maison Blanche ? Mercredi, le président américain a signé un décret visant l’Inde à cause de ses achats de pétrole russe.
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Ukraine : 4ᵉ année de guerre
L’ultimatum de Donald Trump a-t-il déjà porté ses fruits ? Censé s’achever ce vendredi, le compte à rebours de la Maison Blanche a d’ores et déjà engendré une accélération diplomatique du dossier ukrainien. Le Kremlin a annoncé qu’une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump était prévue « dans les prochains jours »
.
« À la suggestion de la partie américaine, un accord de principe a été conclu pour organiser un sommet bilatéral dans les prochains jours
« , a annoncé le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. Si aucun détail n’a encore filtré sur le lieu du rendez-vous, ce dernier a précisé que les Émirats arabes unis étaient l’une des destinations envisagées pour l’accueillir. Notamment car, au même moment, Vladimir Poutine recevait le président émirati, son « ami
» Mohammed ben Zayed.
Une décision avant même la fin de l’ultimatum
Seule certitude : ce sommet devrait être, sauf changement de dernière minute, un tête-à-tête. Vladimir Poutine a en effet estimé que les « conditions
» n’étaient pas réunies pour rencontrer Volodymyr Zelensky. Moscou avait précédemment indiqué qu’une telle rencontre n’avait de sens qu’en phase finale des négociations de paix. « Volodymyr Zelensky incarne pour Poutine la défaite initiale de la Russie. Celle qui fait que Moscou a perdu l’Ukraine à partir de mars 2022″
, a analysé sur LCI Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS. Avant de préciser : « Il le considère comme un clown, lui qui avait donné des spectacles en Russie il y a quelques années. C’est incompatible avec la dignité d’un chef d’Etat. Enfin, en l’absence d’élection en Ukraine, Zelensky n’est plus légitime selon le Kremlin. La haine est inexpiable
. »
Pourquoi Vladimir Poutine a-t-il cédé aux appels du pied de la Maison Blanche ? La dernière rencontre en chair et en os entre le dirigeant américain et son homologue russe avait eu lieu en 2019 en marge d’un sommet du G20 au Japon. Donald Trump a repris le contact en janvier, dès son retour au pouvoir, dans l’espoir de mettre fin rapidement à l’offensive russe en Ukraine. Après plusieurs mois de frustration, c’est visiblement un ultimatum lancé à la Russie, lui sommant de trouver un accord sous peine de sanctions sévères, qui a débloqué la situation.
La visite à Moscou mercredi de l’émissaire spécial du président américain, Steve Witkoff, a achevé de convaincre l’hôte du Kremlin. « Vladimir Poutine essaie aussi de gagner du temps, voyant que Trump était agacé devant l’absence de progrès
« , a estimé ce jeudi sur LCI Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’Otan. Selon ce chercheur à l’European Council on Foreign Relations, le président russe va sortir gagnant sur un point : « Une reconnaissance internationale, que lui donne sur un plateau Donald Trump avec un vrai sommet, alors que les autres dirigeants internationaux le boycottent depuis des années. C’est, pour lui, symboliquement très important.
» Donald Trump, lui, chercherait au passage à « renforcer son dossier pour un prix Nobel de la paix en obtenant quelque chose
» auprès du dirigeant russe, ajoute Camille Grand.
Dans l’immédiat, on ignore encore si la deadline
américaine reste d’actualité. Donald Trump n’a en tout cas pas attendu l’expiration du compte à rebours pour montrer son intransigeance… vis-a-vis de l’Inde, partenaire majeur de la Russie : il a déjà annoncé jeudi porter à 50% au lieu de 25% les droits de douane sur les importations venues d’Inde, en raison des achats indiens de pétrole russe. Le texte du décret laisse ouvert la possibilité de sanctionner de la même manière d’autres pays se fournissant en hydrocarbures russes.
Malgré les efforts diplomatiques américains, rien n’indique en tout cas que la Russie a abandonné ses conditions pour mettre fin à son assaut. Pour rappel, Poutine réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (celles de Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev qui, encore une fois, a le sentiment d’être mis de côté dans les discussions entre les deux géants.
Lors d’un coup de fil mercredi soir avec Donald Trump, Volodymyr Zelensky a insisté pour que les Européens soient inclus dans les négociations de paix, desquelles ils ont jusqu’à présent été tenus à l’écart malgré les tentatives de Paris, Berlin et Londres de les influencer. « L’Europe doit donc participer au processus
« , a martelé le président ukrainien. Le dirigeant ukrainien et le chancelier allemand Friedrich Merz ont néanmoins « loué
» lors d’une conversation téléphonique « les efforts de médiation
» de Donald Trump, selon Berlin.