Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, mercredi 11 décembre, que les dirigeants somalien et éthiopien avaient trouvé sous ses auspices un accord pour mettre fin à des tensions, notamment sur l’accès à la mer de l’Ethiopie, à la suite de plusieurs heures de négociations à Ankara. M. Erdogan, qui a qualifié l’accord d’« historique », a ajouté qu’il espérait que celui-ci serait « le premier pas vers un nouveau commencement fondé sur la paix et la coopération » entre Mogadiscio et Addis Abeba.
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud et le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’étaient rendus à Ankara mercredi pour un nouveau round de négociations organisées par la Turquie, après deux premières tentatives qui n’avaient pas débouché sur des progrès notables. Lors des précédentes discussions tenues en juin et en août à Ankara, le ministre turc des affaires étrangères Hakan Fidan avait fait la navette entre ses deux homologues, sans que ceux-ci ne se parlent en direct.
La Turquie intervient dans ce dossier qui met de nouveau aux prises deux voisins aux relations tendues, afin de garantir l’accès de l’Ethiopie aux eaux internationales via la Somalie, sans attenter à la souveraineté territoriale de celle-ci. S’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’il estimait que l’accord conclu mercredi, après huit heures de négociations, allait permettre d’assurer un accès de l’Ethiopie à la mer. « Je crois qu’avec la rencontre que nous avons eue aujourd’hui (…) mon frère Cheikh Mohamoud va donner le soutien nécessaire pour l’accès à la mer » de l’Ethiopie, a-t-il déclaré.
L’Ethiopie, pays le plus peuplé du monde sans accès à la mer
S’exprimant à ses côtés, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré, selon la traduction de ses propos en turc : « Nous avons résolu le malentendu survenu dans l’année passée… L’Ethiopie veut un accès sûr et fiable à la mer. Cela bénéficiera tout autant à nos voisins ». Il a ajouté que ces négociations pourraient permettre aux deux pays « d’entrer dans la nouvelle année dans un esprit de coopération, d’amitié, et avec le désir de travailler ensemble ». Le président somalien a convenu que l’accord avait « mis un terme au différend », et ajouté que son pays était « prêt à travailler avec les autorités éthiopiennes et le peuple éthiopien », selon la traduction en turc.
L’Ethiopie est le pays le plus peuplé du monde sans accès à la mer depuis la sécession de l’Erythrée en 1991. Addis Abeba avait conclu en janvier un protocole d’accord avec le Somaliland pour l’accès à la mer, avec l’engagement de reconnaître l’indépendance de ce territoire qui s’est unilatéralement séparé de la Somalie.
Cet accord a ouvert une nouvelle crise entre ces deux voisins d’Afrique de l’Est qui se sont durement affrontés par deux fois au siècle dernier. La Somalie a expulsé en avril l’ambassadeur éthiopien et a affirmé que les troupes éthiopiennes devaient être exclues de la prochaine mission de paix de l’Union africaine qui doit être déployée en Somalie à partir du 1ᵉʳ janvier pour combattre les islamistes Shebab.