Une version de L’Age mûr, célèbre sculpture en bronze de Camille Claudel, retrouvée par hasard dans un appartement parisien inhabité, a affolé les enchères et été adjugée 3,1 millions d’euros, dimanche 16 février, à Orléans. Le bronze, qui avait été estimé entre 1,5 et 2 millions d’euros, devient le deuxième meilleur résultat pour une œuvre de Camille Claudel, après la vente, en 2013, d’une première version de La Valse, adjugée 5,2 millions d’euros chez Sotheby’s, à Londres.
Découvert caché sous un drap lors d’un inventaire réalisé dans un appartement inhabité depuis plus de quinze ans, situé au pied de la tour Eiffel, ce bronze, l’une des œuvres les plus célèbres de la sculptrice, était tombé dans l’oubli.
Après une quinzaine de minutes d’enchères à la tension palpable, et durant laquelle cinq enchérisseurs ont rivalisé au téléphone, le dernier coup de marteau a été tapé à 3,1 millions d’euros (3 663 000 euros avec les frais), par le commissaire-priseur, Matthieu Semont, qui avait découvert l’œuvre. L’identité de l’acheteur n’a pas été immédiatement révélée.
« Une aventure unique »
Les 350 personnes qui s’étaient arraché un droit d’assister à la vente, organisée par la maison de vente Philocale dans une salle au cœur du conservatoire d’Orléans, ont alors offert une longue standing-ovation à la conclusion d’une « aventure unique », selon M. Semont. « On n’a pas à rougir de cette vente, qui en fait le deuxième record pour une œuvre de Claudel, et je suis soulagé que tout se soit bien passé », a-t-il réagi à l’issue de la vente.
Le commissaire-priseur, qui l’a découverte le 17 septembre, a expliqué à l’Agence France-Presse avoir « été saisi d’émotion » lorsqu’il a « reconnu » ce bronze. « C’est plus une rencontre qu’une découverte, c’est magique, j’en ai pleuré. Ce bronze, dont on avait perdu la trace depuis plus d’un siècle, est d’une qualité stupéfiante », a-t-il ajouté.
Il a raconté être venu « dans le cadre d’un inventaire successoral comme j’en fais tous les jours, avec un notaire, dans un appartement plongé dans le noir, fermé depuis une quinzaine d’années, avec beaucoup de poussière ». Il a alors « soulevé le linge qui recouvrait la sculpture » et « tout de suite reconnu une partie de la sculpture, “L’Implorante” ».
« Un objet d’œuvre magistral »
Depuis cette incroyable trouvaille, l’histoire de l’œuvre a fait le tour du monde. Les jours précédant la vente, des historiens, des conservateurs, des collectionneurs du monde entier, mais aussi des anonymes, sont venus admirer l’œuvre alors exposée, par simple curiosité ou réel désir d’achat.
Le Monde Ateliers
Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences
Découvrir
La sculpture représente un cycle de vie, incarné par trois personnages dont une jeune femme agenouillée, symbolisant la passion déchirante entre la sculptrice et Auguste Rodin, selon plusieurs historiens de l’art. « C’est un objet d’œuvre magistral, c’est notre histoire à tous. C’est une des plus belles pages de l’histoire de l’art », a déclaré Alexandre Lacroix, expert en sculptures, lors de la vente.
Commande avortée de l’Etat à Camille Claudel, l’œuvre, datée entre 1892 et 1898, évoque aussi sa descente aux enfers après sa rupture avec le sculpteur, « qui n’a jamais cessé de l’aimer et a pleuré en découvrant “L’Implorante” chez le fondeur Eugène Blot ». Egalement intitulée La Destinée, Le Chemin de la vie ou La Fatalité, cette œuvre majeure n’existe que dans quelques exemplaires, dont deux exposés aux musées d’Orsay et Rodin à Paris et un autre au Musée Camille-Claudel, à Nogent-sur-Seine (Aube).