Des immigrés que le gouvernement américain veut expulser vers le Soudan du Sud, pays pauvre et en proie à un conflit, vont rester pour le moment en transit à Djibouti à la suite d’une décision de justice, a déploré jeudi 22 mai l’administration Trump.
Huit immigrés condamnés pour des crimes violents aux Etats-Unis ont été embarqués mardi à bord d’un vol vers le Soudan du Sud, faute d’avoir obtenu l’accord de leurs pays respectifs pour les accueillir, selon le gouvernement. Il s’agit de deux Birmans, d’un Vietnamien, d’un Laotien, de deux Cubains, d’un Mexicain et d’un Sud-Soudanais.
Mais dans une décision publiée mercredi soir, un juge fédéral de Boston (nord-est) a conclu que l’administration Trump avait violé une de ses décisions antérieures. Il a considéré notamment que la notification de moins de vingt-quatre heures de leur expulsion vers le Soudan du Sud, pays visé par une mise en garde aux voyageurs de la part du gouvernement, était insuffisante.
En cas d’expulsion vers un pays tiers, les personnes visées doivent en être avisées, puis bénéficier d’un délai « d’un minimum de dix jours » pour déposer un recours sur la base de la Convention des Nations unies contre la torture, a précisé le juge Brian Murphy.
« Monstres »
Donald Trump a accusé jeudi sur son réseau Truth Social ce juge d’avoir « ordonné que huit des plus violents criminels sur Terre écourtent leur trajet vers les Soudan du Sud et restent à Djibouti », où se trouve une importante base militaire américaine. « Il ne veut pas autoriser que ces monstres parviennent à leur destination finale », a-t-il insisté, regrettant par ailleurs que cette décision oblige les Etats-Unis à laisser sur place des agents de la police de l’immigration, ICE, pour les garder.
Le juge a ordonné que six d’entre eux puissent invoquer, avec l’aide d’un avocat, leur « crainte » de subir des tortures ou des mauvais traitements dans le pays tiers. Si le ministère de la sécurité intérieure américain estime cette crainte infondée, ils doivent disposer d’au moins quinze jours pour demander le réexamen de leur procédure d’expulsion, ajoute-t-il.
Le juge laisse à la discrétion du gouvernement de conduire ce processus en les ramenant aux Etats-Unis ou à l’étranger, à condition qu’ils restent sous la garde du ministère américain de la sécurité intérieure.