Un simple traitement contre le cholestérol pour se débarrasser des « polluants éternels » dans le sang ? C’est la piste entrouverte par un essai clinique mené au Danemark, et dont les résultats ont été publiés mi-février dans la revue scientifique Environment International. En seulement trois mois, un médicament a permis de réduire de 60 % la concentration de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans le sang d’une vingtaine de sujets. Soit vingt fois plus vite que le corps est capable de les éliminer sans autre forme d’intervention.
Il n’existe à ce jour aucune solution pour faire baisser les taux de PFAS qui se sont introduits dans le corps humain. Or leurs effets sur la santé sont aussi nombreux que potentiellement graves. Liée à certains cancers (rein, testicules, foie, pancréas, utérus), à des perturbations des systèmes hormonaux et immunitaires, ou encore à des problèmes cardiovasculaires et des troubles de la fertilité, la famille des PFAS – 14 000 membres au bas mot – constitue une menace ubiquitaire pour l’espèce humaine.
Extrêmement persistants dans l’environnement où une myriade d’activités industrielles et d’usages antiadhésifs, déperlants ou antitaches les ont dispersés depuis leur invention à la fin des années 1940, les PFAS sont de ce fait une source d’exposition permanente. En 2019, le programme français de biosurveillance Esteban détectait des PFAS dans le sérum de la totalité de la population étudiée.
Mené à l’hôpital universitaire de Holbaek, au Danemark, l’essai clinique ciblait des adultes vivant à Korsor, une ville portuaire identifiée comme l’un des principaux « hotspots » de contamination identifiés en Europe. En 2021, des concentrations élevées de deux PFAS, le PFOS et le PFHxS, étaient relevées dans du bétail paissant en contrebas d’un centre de formation à la lutte contre les incendies dont les mousses antifeu contenaient des PFAS. S’il est recommandé aux membres de la coopérative locale d’éleveurs de vaches de cesser de consommer leur viande, il est trop tard pour empêcher la contamination de leurs organismes. La majorité des 180 personnes concernées présentent des taux de PFOS largement supérieurs à ceux de la population danoise.
Système immunitaire affaibli
Les participants de l’essai clinique sont recrutés parmi eux. Critère de sélection : un taux sérique de plus de 21 µg/l de PFAS. Aux Etats-Unis, un rapport des Académies nationales des sciences, d’ingénierie et de médecine recommande aux médecins d’effectuer toute une batterie de tests de dépistage de maladies quand les taux dépassent cette valeur. Dans le groupe de Korsor, la concentration médiane se situe très largement au-dessus, à 191 µg/l.
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