Savez-vous qu’il est possible d’aller au musée et d’en sortir (légalement) avec un tableau sous le bras ?
Des établissements proposent ce système de location surprenant.
Reportage du JT de TF1 à Chambéry (Savoie), où de nombreux particuliers se laissent tenter.
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Le 13H
Au Musée des Beaux-Arts de Chambéry (Savoie), les œuvres d’art sont à consommer sur place ou à emporter. La visite de l’exposition permanente s’achève en effet dans une pièce excentrée, où les tableaux ne sont plus accrochés aux murs, mais classés par tailles dans des bacs, comme chez le disquaire, où l’on fouille en quête de son trésor. « C’est une petite caverne d’Ali Baba », rigole Yves Schlosser dans le reportage du JT de TF1 réalisé sur place et diffusé ce mardi 27 août, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article, en sortant avec un tableau sous le bras. Ce n’est pas l’un des 40 voleurs, mais l’un des 80 adhérents de l’artothèque, fonctionnant comme une bibliothèque, avec des œuvres d’art à la place des livres.
« Ça change des posters du commerce »
Le musée loue ainsi au public ses photographies, estampes ou reproductions d’art contemporain depuis 1986, dans le sillage d’une initiative du ministère de la Culture pour démocratiser l’art. Le concept : créer une nouvelle relation avec l’œuvre via un désir de se l’approprier en l’installant chez soi. À 40 euros l’abonnement annuel, chacun peut en louer trois, parmi les 528 proposées, tous les trois mois, délai au bout duquel il doit les rendre. « Il ne faut pas trop s’attacher non plus », soupire Louis Manchon, autre adhérent de longue date, en contemplant la peinture de Joan Mitchell, fameuse artiste américaine, trônant fièrement dans son salon, où il a improvisé son exposition temporaire.
Sébastien Lassaut, lui, a opté pour un Pierre Soulages, autre peintre internationalement reconnu. « C’est agréable parce que ce n’est pas donné à tout le monde. Ça change des posters du commerce », sourit-il en chargeant dans le coffre de son véhicule utilitaire cette pièce valant plusieurs dizaines de milliers d’euros. Nécessairement, le musée s’est donc couvert contre le vol et les dégradations, et l’assurance habitation des emprunteurs complète la protection juridique.
La folle histoire de « la Joconde de Chambéry »
Mais, en près de quatre décennies, il n’y a jamais eu de casse ou de larcin à déplorer avec l’artothèque, alors que le tableau phare du musée des Beaux-Arts, L’Inconnu, surnommé « la Joconde de Chambéry », attribué au peintre florentin du XVe siècle Uccello et estimé à un million d’euros, a, lui, été dérobé en plein jour au sein même de l’établissement, le 15 janvier 1999… Avant d’être retrouvé trois jours plus tard, narraient Le Dauphiné Libéré et Le Temps, sur un parking d’Aix-les-Bains (Savoie), posé à l’envers contre une haie. Comme une location à durée indéterminée qui ne dirait pas son nom.