Au mois de juin, les pays membres de l’OTAN ont scellé un accord historique, dans le but d’accroître leurs investissements dans la défense et la sécurité. Un engagement chiffré, mais encore dépourvu de feuille de route claire. L’objectif, fixé à 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) pour les seules dépenses militaires d’ici à 2035, doit être complété par d’autres dépenses de sécurité, portant le total à 5 %.
Trois pistes de financement s’offrent aux gouvernements : relever la fiscalité, réduire les dépenses publiques dans d’autres secteurs ou alourdir encore la dette. Autant de leviers évidents sur le papier, mais politiquement périlleux. La « coalition des volontaires » est, en réalité, une coalition de contraints.
L’équation budgétaire se complique d’autant plus que nombre de ces pays font déjà face à des charges croissantes. Sur les 23 membres de l’Union européenne (UE) appartenant à l’Alliance atlantique, plus de la moitié dépassent le seuil de dette fixé à 60 % du PIB par Bruxelles. Le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis se trouvent dans une situation similaire. A l’inverse, seules la Turquie et la Pologne disposent encore d’une marge de manœuvre notable, en raison d’une dette publique contenue et de budgets militaires déjà importants. Dans les prochaines années, de nombreux pays devront trouver de nouvelles ressources, au risque de voir se profiler de sérieuses tensions budgétaires.
Endettement collectif
Face aux exigences financières colossales induites par l’engagement des pays de l’OTAN à porter leurs dépenses de défense et de sécurité à 5 % du PIB d’ici à 2035, une piste revient avec insistance dans les cercles diplomatiques et économiques : recourir à l’endettement collectif. La mise en place d’une « coalition d’emprunteurs » consisterait à flécher l’ensemble des ressources levées par emprunt vers le financement de la défense.
Les arguments en faveur d’un tel mécanisme ne manquent pas. Les menaces qui pèsent sur la paix mondiale sont jugées suffisamment graves pour justifier un effort immédiat, comparable à une police d’assurance contre les risques futurs de chaos et de guerre. Investir aujourd’hui, estiment ses promoteurs, permettrait de réduire le coût humain, économique et politique des potentiels conflits de demain.
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