L’animateur Cyril Hanouna va poursuivre La France insoumise (LFI) en justice, a annoncé mercredi 12 mars son avocat à l’Agence France-Presse (AFP), en réaction à une campagne de communication mettant en scène l’animateur et qui a déclenché des accusations d’antisémitisme, récusées par le mouvement de gauche radicale. « Nous préparons des actions judiciaires », a déclaré à l’AFP l’avocat Stéphane Hasbanian, invoquant l’« atteinte à l’image » et disant réfléchir à « d’autres actions liées à l’antisémitisme ».
Le visuel incriminé avait d’abord été mis en ligne sur le compte X de LFI, qui l’a depuis retiré. Il montre le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et air agressif, au-dessus des messages « Manifestations contre l’extrême droite, ses idées… et ses relais ! » et « Partout en France 22 mars ».
« C’est un photomontage », a dénoncé Me Hasbanian. « On a accentué les traits de Cyril Hanouna pour le faire ressembler à quoi ou à qui », a-t-il dit.
Avec cette affiche, « LFI recycle l’iconographie antijuive », a estimé la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme sur X. L’avocat Arno Klarsfeld a également dénoncé sur le réseau social une affiche « clairement antisémite ». « La tête de Cyril Hanouna mise à prix », a pour sa part écrit le patron du groupe de médias CMI France, Denis Olivennes, en y voyant des « méthodes de fascistes ». Cette « image emprunte tous les codes des caricatures antisémites », a abondé l’ex-sénateur socialiste David Assouline.
Réactions et controverses autour de l’affaire
Certains, à l’instar de Jules Torres sur X, chroniqueur de CNews et d’Europe 1 et journaliste du Journal du dimanche (JDD) – trois médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré –, ont dressé un parallèle avec des affiches antisémites des années 1930-1940. C’est notamment ce que montre le bédéiste et écrivain Joann Sfar sur son compte Facebook, en publiant un post dans lequel il met en parallèle l’affiche créée par LFI, et des images, écrit Joann Sfar, affichées « sur les murs de Paris sous Pétain ».
Sollicitée par l’AFP, LFI a dénoncé des « accusations nauséabondes » qu’elle impute « essentiellement » à des « militants d’extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD ». LFI a par ailleurs déclaré avoir remplacé le visuel pour y « mettre un terme ». Le mouvement souligne en outre que sa campagne pour appeler à manifester le 22 mars comprend des « visuels avec plusieurs personnalités médiatiques », comme le présentateur de CNews Pascal Praud, « qui contribuent au relais des idées d’extrême droite ».
« C’est mettre des cibles dans le dos de ces journalistes, de ces hommes politiques ou de ces personnalités », a réagi le garde des sceaux, Gérald Darmanin, sur CNews. « J’espère que ces manifestations pourront être interdites par les préfets », a-t-il ajouté.