Propos indignes tenus par des gendarmes à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), « Nous ne sommes pas dans le même camp ! », lancé avec morgue par un préfet de police à une manifestante, accusations récurrentes de violences policières auxquelles répond invariablement une défense ministérielle pointant la difficulté du contexte et les dérapages individuels… La France est-elle condamnée à voir s’opposer ceux qui prétendent que « tout le monde déteste la police » avec les défenseurs d’une logique policière immuable, incapable d’autocritique et de renouvellement ?
A rebours de la plupart des pays développés, les méthodes policières mises en œuvre en France creusent un hiatus avec nombre de nos concitoyens, qui accroît d’autant la perte de sens professionnel ressentie par les policiers.
Les temps majeurs d’intervention des forces de l’ordre ces dernières années (crise des « gilets jaunes », périodes de confinement, etc.) et les pratiques plus quotidiennes de sécurisation des quartiers ou des événements publics dessinent une conflictualisation croissante de la posture de la police vis-à-vis de la population. Les comportements de manifestants ou de délinquants auxquels sont confrontés les policiers ne sont certes pas en reste dans la radicalité violente. Mais nous sommes convaincus qu’une autre manière de faire la police est possible, qui permette de sortir de cette spirale d’hostilité réciproque et commence par une analyse critique de nos méthodes.
Logique punitive
La réponse à la crise sanitaire de 2020 a illustré une logique française plus punitive que pédagogique, focalisée sur les chiffres et dépourvue de message préventif. La démultiplication des verbalisations, sans commune mesure avec les pays voisins, a eu pour effet d’aggraver les tensions dans les quartiers et l’incompréhension d’une partie du public. Les contrôles d’identité pratiqués massivement alimentent un sentiment de discrimination et d’arbitraire, provoquant insultes et outrages. Peu questionnés sur leur efficacité, ils ont pourtant été circonscrits dans d’autres pays sans augmentation corrélative de la délinquance.
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