Les communes de l’Île d’Oléron vont offrir une prime de plusieurs milliers d’euros aux propriétaires de meublés touristiques de type Airbnb s’ils acceptent de basculer en location longue durée.
Reste à les convaincre, car ils devront tout de même revoir leur rentabilité à la baisse.
Une équipe de TF1 s’est rendue sur place.
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Le 20H
Christine peut s’estimer chanceuse. « Voilà la maison que j’ai trouvée, totalement rénovée, l’électricité refaite« , montre-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 visible ci-dessus. Deux chambres, un salon, il aura fallu six mois de recherche à cette Brestoise avant de trouver cette petite maison qu’elle loue désormais sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), et ce grâce au soutien de son patron, responsable d’agence immobilière. « J‘ai cherché soit un camping ouvert à l’année, du meublé, toutes les solutions, et c’est très, très compliqué sur l’île, confie-t-elle. Effectivement, on se rend compte qu’il y a beaucoup, beaucoup de locations saisonnières, et les portes sont fermées« .
Habiter sur l’île d’Oléron est devenu presque impossible. Ici, on compte 62% de résidences secondaires en moyenne, un record en France, et même jusqu’à 80% dans certaines communes de l’île. Les maires d’Oléron ont donc décidé de passer à l’offensive. Leur arme, une prime de 10.000 euros maximum, selon la surface, qui sera versée aux propriétaires acceptant de transformer leur location saisonnière en location à l’année.
« Ça peut être un déclencheur »
« Parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus recruter, on ne peut pas recruter parce qu’on ne peut pas loger. Avec des conséquences, les fermetures de classes d’école, une vie associative qui est en panne. Ces 10.000 euros bruts, plus des subventions, s’il y a des travaux de réhabilitation et d’aménagement, ça peut être un déclencheur« , fait valoir face à notre caméra Michel Parent, président de la communauté de communes d’Oléron et maire du Château-d’Oléron.
Mais pour que les propriétaires des 4.000 locations saisonnières acceptent, encore faut-il qu’ils soient prêts à revoir leur rentabilité. Notre équipe interroge Charly Meurer, propriétaire de locations saisonnières sur l’île, devant une maison de 70 mètres carrés qu’il loue quasiment en permanence. La faire basculer en location à l’année lui rapporterait trois fois moins. « Pour une période du 10 au 19 juillet, on est à 2 043 euros pour neuf jours de location. On cherche quand même une rentabilité, ou tout du moins à rentrer dans les fonds qui ont été investis dès le départ« , souligne-t-il.
La prime, Jean-François Delage, qui rénove sur l’île d’Oléron deux appartements saisonniers, et est en outre propriétaire de biens loués à l’année à Limoges, n’y est pas favorable. « Il y a une attirance vers la location saisonnière, qui est beaucoup plus souple, parce que j’ai une quinzaine d’apparts à Limoges, et des locataires, ça fait un an qu’ils ne me payent pas« , assure-t-il. La communauté de communes espère convertir 150 logements en trois ans. Elle compte financer le dispositif grâce aux 8 millions d’euros récemment gagnés dans son procès face à Airbnb (article en lien ci-dessus).