- La 3ᵉ conférence des Nations unies pour l’océan se termine ce vendredi.
- Un rendez-vous hautement diplomatique, duquel sont ressorties plusieurs promesses.
- On fait le point.
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Notre planète
Emmanuel Macron et sa ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, n’ont cessé de le marteler lors de l’Unoc-3 : la France veut être la championne des océans. Le président a voulu faire de la 3ᵉ conférence des Nations unies pour l’océan, qui se termine ce vendredi 13 juin à Nice, un point de départ pour mettre en place une véritable « diplomatie bleue » et mieux préserver ces espaces cruciaux pour la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Un élan matérialisé dans la déclaration sur « Les engagements de Nice pour l’Océan ».
Un document qui constitue « une feuille de route ambitieuse pour l’ensemble des États et parties prenantes dans le cadre de l’Objectif de Développement Durable 14 (ODD14) »
. Cinq axes sont mis en avant : la gouvernance, le financement, le développement d’une économie bleue, la lutte conte toute forme de pollution et la coopération entre les différents acteurs.
Une COP1 en 2026
C’est peut-être la première avancée du sommet de Nice : le traité sur la Haute Mer, dit « BBNJ ». La France avait dit vouloir atteindre les 60 signatures permettant sa ratification. Un objectif pas atteint, mais l’Unoc-3 a donné un coup de pouce à ce texte : « 50 États ont déjà déposé leurs instruments de ratification »
, avance la déclaration de Nice, alors que cinq États supplémentaires ont achevé leur processus national de ratification et 12 s’apprêtent à le faire.
« L’ensemble de ces engagements assure ainsi l’entrée en vigueur tant attendue de ce traité, qui régule 64% de l’Océan et donc 50% de la surface du globe, au plus tard en janvier 2026. Il assure aussi la tenue, cette même année, de la COP1 de l’Océan »,
promet le document qui qualifie cette ratification « d’avancée civilisationnelle majeure pour l’humanité ».
10% des océans protégés
Autre grand axe de l’Unoc-3 : la protection des océans via les très discutées aires marines protégées. « Grâce à la mobilisation des 14 États qui se sont engagés à étendre leurs réseaux d’AMP, ce sont plus de 10% »
de l’océan qui est « désormais protégé »
, affirme la déclaration de Nice. La Grèce, le Brésil ou l’Espagne ont, par exemple, promis la mise en place de nouvelles aires sur le quart de leurs mers. La Polynésie française va créer ce qui sera, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, la plus grande aire protégée du monde.
D’autres ont annoncé des interdictions localisées du chalutage de fond, comme le Royaume-Uni dans la moitié des AMP anglaises. La France l’a fait en amont du sommet, dès le samedi 7 juin, dans certaines de ses aires, après avoir négocié avec ses pêcheurs, les ONG soulignant toutefois que cela ne concerne que 4% des eaux métropolitaines (nouvelle fenêtre). Autre avancée : « La première aire marine protégée transnationale en haute mer a notamment été annoncée par le Costa Rica, conjointement avec l’Équateur et la Colombie ».
37 pays contre l’exploitation minière
Autre thème au cœur des négociations diplomatiques : l’exploitation des fonds marins. Une activité qui inquiète, alors que les États-Unis de Donald Trump ont ouvert la porte au minage de ces espaces encore mal connus et très fragiles (nouvelle fenêtre) en Haute Mer, mais contenant des minerais hautement stratégiques pour la transition écologique. Lors du sommet de Nice, 37 pays (dont la France) se sont engagés pour demander une « pause de précaution à l’exploitation minière »,
rappelant « la nécessité d’explorer d’abord les écosystèmes abyssaux avant d’envisager une quelconque exploitation des ressources ».
Un élan contre la pêche INN
Sur ce dossier souvent peu mis en lumière, le sommet de Nice a surtout rappelé les fondamentaux. Concernant les quelques avancées : 103 États ont ratifié l’accord dit « Fish 1 » de l’Organisation mondiale du Commerce qui doit mettre fin aux subventions à la pêche illégale et 23 pays ont ratifié l’Accord dit « du Cap » de l’Organisation maritime internationale relatif à la sécurité sur les navires de pêche et pas encore entrée en vigueur faute de ratifications suffisantes. Dernier point important, la Chine, une des leaders de la pêche mondiale, a annoncé sa ratification du « Port State Measures Agreement » (PSMA), qui permet de mieux contrôler les débarquements des navires de pêche et lutter contre la livraison de poissons pêchés en dehors des règles.
Le « Nice wake up call »
Autre axe du sommet de Nice : 96 pays ont signé une déclaration appelant à l’adoption d’un traité « ambitieux » qui restreigne la production de plastique, à l’approche de nouvelles négociations prévues en août. Les pays signataires représentent plus de la moitié des 170 pays impliqués depuis 2022 dans la négociation d’un traité sur le plastique. Des millions de tonnes s’infiltrent chaque année, sous forme de microplastique, dans les océans, les nappes d’eau, les aliments et même le corps humain. La France, elle, a profité du sommet pour présenter un plan contre la pollution plastique, et perdre son bonnet d’âne européen dans ce domaine, qui lui coûte 1,6 milliard d’euros de pénalités chaque année.
Requins, raies et pollution sonore
De nombreux autres sujets ont été évoqués durant l’Unoc-3, mais aussi les événements qui l’ont précédé, comme le One Ocean Science Congress qui a réuni plus de 2.000 scientifiques du monde entier du 3 au 6 juin ou le Blue Economy and Finance Forum, le 7 juin. Mais on peut aussi retenir de la 3ᵉ conférence des Nations unies le lancement, par une quinzaine de pays, d’une coalition pour stopper l’extinction des requins et des raies (nouvelle fenêtre), sous l’égide d’ONG et d’organismes internationaux, la population de ces animaux ayant été réduite de moitié depuis 1970 avec quelque 1.200 espèces considérées comme menacées d’extinction.
Enfin, une coalition de 37 pays, menée par le Panama et le Canada, s’est engagée à combattre une menace majeure, mais invisible : la pollution sonore du transport maritime, qui nuit à de nombreuses espèces sous-marines, notamment les baleines ou les dauphins, perturbés dans leur capacité à se diriger, communiquer, chasser, se reproduire ou éviter des prédateurs. Les membres de cette coalition pour un « Océan silencieux » (dont la France, la Grèce ou le Portugal) ont signé une déclaration dans laquelle ils s’engagent à faire progresser la conception et l’exploitation de navires plus silencieux au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI).
L’avenir comme juge de paie
Autant d’avancées soulignées par les pays participant à l’Unoc-3 qui estiment que « Nice a ouvert un nouveau chapitre transformateur de l’action océanique globale, dont la planète a aussi impérieusement besoin »
. Les avancées et les mises en place de toutes les promesses de Nice pourraient être déjà examinées dès 2026 avec la première COP océan, mais surtout en 2030, date à laquelle les grands objectifs de protection (ODD14) devront être atteints, et particulièrement celui de 30% de protection pour l’océan, contre seulement 8,36% avant Nice et 12% après, selon les déclarations d’Emmanuel Macron.
Un objectif qui semble toujours difficile à atteindre selon les ONG, même après ce sommet de Nice. « Nous allons échouer (à atteindre l’objectif) 30X30 »
, a commenté à Nice Emanuel Gonçalves, chef scientifique de la Fondation Oceano Azul, en estimant qu’au rythme actuel, il faudrait « 300 ans »
à la communauté internationale pour protéger « complètement »
30% des océans.
