Caroline Grandjean, directrice d’école dans le village de Moussages (Cantal), a été retrouvée morte, lundi matin, a annoncé mardi 2 septembre le parquet d’Aurillac, confirmant une information du Parisien. La piste du suicide est privilégiée pour expliquer la mort de cette institutrice lesbienne de 42 ans, qui avait été la cible d’insultes et de menaces homophobes pendant plusieurs mois, précise le parquet.
Le corps de Caroline Grandjean a été découvert sans vie par les gendarmes en contrebas d’un site escarpé à Anglards-de-Salers, près de son domicile, a précisé Sandrine Delorme, procureure de la République d’Aurillac, à l’Agence France-Presse (AFP). Une enquête « en recherche des causes de la mort » a été ouverte « afin de recueillir tous les témoignages et permettre à la famille d’apporter tous les éléments, même si l’acte ne pose pas de question particulière », a-t-elle ajouté. Aucun écrit n’a pour l’heure été retrouvé, selon elle.
Durant l’année scolaire 2023-2024, cette directrice d’une école à classe unique avait retrouvé des tags et une lettre anonyme avec menaces de mort en raison de son orientation sexuelle. Elle avait été alors arrêtée temporairement par son médecin avant de reprendre son activité. Depuis la fin du mois d’avril, elle était de nouveau en arrêt de travail, a déclaré le rectorat de Clermont-Ferrand.
Une enquête avait alors été ouverte par le parquet mais celle-ci « n’avait pas permis d’identifier les auteurs » et avait été classée en mars 2025 « en l’absence de nouveaux faits », a précisé Mme Delorme.
Vif émoi dans la communauté enseignante
L’académie suivait « de près » la situation de la professeure, « préparant son retour en tenant compte de ses souhaits », a ajouté le rectorat dans un communiqué, saluant la mémoire d’« une figure respectée du Cantal » et « reconnue pour son engagement ».
La disparition de la quadragénaire, le jour de la rentrée scolaire, a suscité un vif émoi auprès des communautés enseignante et homosexuelle. « Caro, directrice d’école a décidé de mettre fin à ses jours ce lundi, jour de rentrée. (…) Nous sommes dévastés », écrit mardi sur X le syndicat des directrices et directeurs d’école.
La FSU-SNUipp, principal syndicat du primaire, souligne qu’elle « a mis fin à ses jours, après de longs mois de harcèlement lesbophobe sur son lieu de travail » et réclame l’ouverture d’une enquête administrative « afin d’éclaircir les différentes responsabilités au sein de l’Education nationale qui, en tant qu’employeur, n’a pas été en capacité de protéger ».
« L’enquête judiciaire devra conduire à punir ceux à l’origine des actes discriminatoires qui ont conduit notre collègue à mettre fin à ses jours », a réagi de son côté le syndicat UNSA dans un communiqué. « L’enquête interne devra, elle, conduire à comprendre pourquoi l’employeur, informé de la situation, n’a pas réussi à protéger son personnel », a ajouté le syndicat.
Sur Instagram, Julia Torlet, la porte-parole de SOS Homophobie, affirme que « l’Education nationale a du sang sur les mains » et que la « lesbophobie tue ».
Interrogée par l’AFP, l’Education nationale s’est dite « profondément touchée par le décès tragique » de la professeure et a annoncé l’activation mardi d’« une cellule d’écoute » dans la circonscription de son école.