Un olivier planté à Epinay-sur-Seine en mémoire d’Ilan Halimi, un jeune Français de confession juive séquestré et torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares », a été abattu de façon malveillante, a fait savoir le maire de la ville, Hervé Chevreau, à l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 14 août. Les faits se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi, a précisé l’élu.
Une enquête a été ouverte, a déclaré à l’AFP vendredi, Julien Charles, préfet de Seine-Saint-Denis alors présent à Epinay-sur-Seine aux côtés du grand rabbin de France, Haïm Korsia. Le représentant de l’Etat a jugé « important » de se rendre là où l’olivier a été abattu « pour dire (…) que l’enquête aboutira, qu’on réussira à identifier l’auteur de ces faits, qu’il sera traduit devant la justice ». Le maire d’Epinay-sur-Seine avait porté plainte dès jeudi pour dégradation.
« Je condamne fermement cet acte indigne. Une procédure a été ouverte. Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs et les livrer à la justice », avait écrit jeudi le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur le réseau social X.
Des photos montrent le tronc de cet arbre planté en 2011 probablement sectionné à l’aide d’une tronçonneuse, à une vingtaine de centimètres du sol, devant une stèle rendant hommage à Ilan Halimi, dont la mort avait provoqué une vive émotion en France.
Emmanuel Macron assure que « tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine »
Le premier ministre, François Bayrou, a dénoncé vendredi « la haine antisémite » de ceux qui ont abattu l’arbre qu’il a qualifié de « vivant rempart contre l’oubli (…). Nul crime ne peut déraciner la mémoire. La lutte jamais achevée contre le mortel poison de la haine est notre devoir premier », a-t-il écrit sur X.
Emmanuel Macron, a assuré, le même jour, que la République serait « toujours intransigeante » face à l’antisémitisme. « Abattre l’arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n’en sera rien : la nation n’oubliera pas cet enfant de France mort parce que juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine », a-t-il fait part sur X.
Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, « cette réaffirmation violente de l’antisémitisme à la face de la société est quelque chose d’extrêmement douloureux », a-t-il déclaré auprès de l’Agence France-Presse. « Il n’y a rien de plus lâche, et les assassins de sa mémoire ne valent pas mieux que ceux qui lui ont pris la vie il y a vingt ans. »
Deux autres arbres déjà vandalisés
Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital en février 2006.
Mathieu Hanotin, président de l’établissement public territorial Plaine Commune, auquel appartient Epinay-sur-Seine, a condamné après l’abattage de l’olivier « un acte de vandalisme portant atteinte à la mémoire collective de ce meurtre antisémite ». Il s’est engagé dans un communiqué « à ce qu’un nouvel arbre commémoratif soit replanté dans les meilleurs délais ».
Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi avaient été vandalisés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, où il avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée.