Israël assure qu’il n’y a pas de « malnutrition généralisée » à Gaza alors que l’ONU alerte sur un risque de famine
Un organisme dépendant du ministère de la défense israélien a publié mardi un nouveau rapport affirmant qu’il « n’y a aucun signe de phénomène de malnutrition généralisée » dans la bande de Gaza, où l’Organisation des Nations unies met en garde depuis des semaines contre un risque de « famine généralisée ».
Le Cogat, chargé de l’administration civile des territoires palestiniens, affirme dans ce rapport avoir procédé à un « examen approfondi » des données et chiffres du Hamas sur les décès dus à la malnutrition dans le territoire palestinien.
Le ministère de la santé à Gaza, administré par le Hamas, estime à ce jour le nombre total de victimes de la faim à 227 morts, dont 103 enfants. Le Cogat relève « un écart significatif » entre ces chiffres et « les cas documentés, avec des détails d’identification complets » dans les médias et sur les réseaux sociaux, « ce qui soulève des doutes sur leur crédibilité ».
« L’analyse au cas par cas des décès publiés montre que la plupart (…) souffraient de conditions médicales préexistantes qui ont entraîné la détérioration de leur état de santé, sans rapport avec leur statut nutritionnel », affirme aussi le Cogat, pour qui ces « cas extrêmes (…) ne représentent pas la condition de la population générale de la bande de Gaza ».
Le Cogat soutient en conclusion qu’il n’y a « aucun signe d’un phénomène de malnutrition généralisée » parmi les Gazaouis, dénonçant « l’exploitation cynique d’images tragiques » par le Hamas.
Dans un communiqué mardi, le gouvernement du Hamas a publié une longue « réfutation des mensonges » du Cogat, « tentative désespérée et vaine de camoufler un crime documenté au niveau international, la famine systématique » de la population gazaouie.
Le territoire palestinien, totalement dépendant de l’aide humanitaire, est menacé d’une « famine généralisée », selon l’ONU, qui a appelé à l’« inonder » d’aide. Selon les derniers chiffres rendus publics mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 148 personnes y sont mortes des effets de la malnutrition depuis janvier, et près de 12 000 enfants de moins de cinq ans ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë en juillet – le chiffre mensuel le plus élevé enregistré à ce jour.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que « plus d’un tiers de la population ne mange pas pendant plusieurs jours d’affilée » et pointe une « malnutrition aiguë en forte augmentation », avec « plus de 300 000 enfants en risque sévère ».
Pour Jean-Guy Vataux, chef de mission de Médecins sans frontières dans les territoires palestiniens, interrogé mardi par l’Agence France-Presse (AFP), « la malnutrition à Gaza est une réalité, elle progresse rapidement et touche toute la population », classe moyenne comprise.