Grand débat national, convention citoyenne sur le climat, consultations multiples, gestion participative dans certains domaines comme le logement social : l’actualité politique est traversée par des dispositifs participatifs. La multiplication de ces dispositifs, largement plébiscités par le personnel politique et administratif local et national, et l’instrumentalisation dont ils peuvent faire l’objet ont suscité l’intérêt des sciences sociales du politique.
Des travaux ont montré que le « tournant participatif » des politiques publiques a plus souvent répondu à des agendas politiques qu’à des préoccupations de terrain, que les dispositifs peinent à recruter des participants et participantes représentatifs de la diversité de la population, et qu’ils ont inégalement été suivis d’effets concrets. Les analyses sociologiques cherchent ainsi à saisir ce que ces dispositifs participatifs produisent et ce qu’ils disent des évolutions de l’action publique.
L’écart fréquemment souligné entre intentions, mises en pratique et conséquences en matière de politique publique locale ou nationale apparaît dans bien des cas comme le produit d’objectifs divergents, portés par de multiples acteurs, qui pour beaucoup ont foi dans ces dispositifs et subissent des désillusions au même titre que les participants. Sociologues et politistes se sont penchés sur les impensés de la participation, en étudiant les cadres politiques, moraux et institutionnels dans lesquels sont conçus les dispositifs et la façon dont ces cadres influencent leur conception et leurs effets.
Perte de la fonction première
Dans un récent article publié dans la revue Participations, qui joue un rôle important dans ce champ de recherche, la docteure en sciences politiques Stéphanie Archat s’intéresse ainsi à un dispositif participatif destiné à promouvoir l’égalité de genre dans l’espace public, les « marches exploratoires ». L’occupation inégale de l’espace urbain par les femmes et les hommes, au détriment des premières, est en effet devenue un « problème social », présent dans les médias et intégré à certaines politiques publiques, y compris dans les cours d’école, souvent monopolisées par des jeux de ballon, rarement féminins.
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