Je me suis toujours considéré comme un optimiste. Mais, pour la première fois de ma vie, je suis profondément pessimiste quant à l’avenir de la Turquie. L’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, marque la fin de l’illusion que la concurrence démocratique existe encore en Turquie. En s’en prenant à son principal rival politique, le président Erdogan fait savoir qu’il ne se soucie plus de maintenir l’apparence d’une légitimité électorale. Nous assistons à une transition achevée d’un autoritarisme compétitif à une autocratie consolidée.
Mais cela ne concerne pas uniquement les politiciens dans l’opposition. Cette fois, la répression est plus profonde et plus répandue. Les barreaux, les médias indépendants, les universitaires, les acteurs, les organisations féministes et même les lycéens sont sous pression. Des journalistes sont détenus simplement pour avoir couvert des manifestations. Les enseignants sont pris pour cible pour avoir exprimé leurs opinions. Les utilisateurs des réseaux sociaux sont questionnés et sanctionnés pour avoir partagé des opinions divergentes.
Tous les segments de l’opposition organisée et non organisée sont systématiquement réduits au silence. Mais ne vous y trompez pas : l’orientation de la Turquie n’est pas qu’une affaire intérieure.
Le régime d’Erdogan se sent enhardi, et pour cause. Les acteurs régionaux et internationaux – y compris l’Union européenne (UE) et l’administration Trump – ont adopté une position pragmatique. Ils ont besoin de la coopération d’Erdogan sur des questions telles que la migration, la sécurité régionale et l’énergie, et ils sont prêts en contrepartie à ignorer les violations des droits humains de son gouvernement.
De tièdes critiques
Cette réponse internationale insuffisante n’est pas seulement décevante, elle encourage la répression. Elle crée l’espace nécessaire aux autocrates pour aller plus loin, sachant que le coût sera minime.
Il vous reste 66.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.