Au lendemain de la chute du gouvernement, censuré par les députés, Emmanuel Macron a écarté jeudi l’idée de démissionner.
Ses opposants publient une archive de 2019, dans laquelle le président se dit favorable à une procédure de destitution devant le Parlement.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
C’est une hypothèse qui a été écartée au plus haut sommet de l’État. Le 5 décembre, dans une allocution spéciale au lendemain de la censure du gouvernement, Emmanuel Macron a rejeté l’éventualité de démissionner. « Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans. Je l’exercerai pleinement, jusqu’à son terme », a évacué le président de la République, répondant aux demandes répétées d’une partie de l’opposition – dont La France insoumise – à quitter son poste.
Or, Emmanuel Macron aurait déjà tenu une position inverse… et il aurait expliqué que le chef de l’État devait démissionner si jamais il se trouvait en position minoritaire au Parlement. Une séquence du locataire de l’Élysée, tenant ce type de propos, a été exhumée des archives avant d’être partagée sur X, dans la soirée du 5 décembre. « Vidéo incroyable à faire tourner partout ! Macron y expliquait lui-même qu’il devait démissionner s’il était minoritaire, désavoué ! », dénonce (nouvelle fenêtre) Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, tandis qu’un compte anonyme demande (nouvelle fenêtre) : « Monsieur le Président, avez-vous ENCORE changé d’avis ? »
Un « grand débat des idées »
Dans cet extrait, qui avait déjà circulé fin août sur X (nouvelle fenêtre) et sur Facebook (nouvelle fenêtre), on entend Emmanuel Macron affirmer : « La question, c’est comment on crée des mécanismes de responsabilité et de respiration démocratique […] La réalité, si on allait au bout de la logique, c’est que le président de la République ne devrait pas pouvoir rester s’il avait un vrai désaveu en termes de majorité. En tout cas, c’est l’idée que je m’en fais et qui est la seule qui peut accompagner le fait d’assumer les fonctions qui vont avec ». Assise à sa gauche, on distingue Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur jusqu’en 2022.
Nous avons retrouvé cette archive, qui remonte bien à 2019. À l’époque, le chef de l’État se plie à l’exercice des grands débats pour tenter d’apaiser la colère née du mouvement des Gilets jaunes. Après deux mois de débats locaux, un ultime échange est organisé à l’Élysée le 18 mars 2019, entre le président, quelques membres du gouvernement (dont Frédérique Vidal) et plus de 65 figures du monde intellectuel. C’est le « grand débat des idées ». Animées par le journaliste Guillaume Erner, les discussions durent alors plus de huit heures et sont retransmises en direct (nouvelle fenêtre) sur France Culture.
« Des mécanismes qui vont plus loin »
Les propos cités plus hauts ont bien été tenus par le chef de l’État, après huit heures de débat et en écho à des remarques formulées juste avant par des intervenants, sur divers sujets. C’est en abordant l’irresponsabilité pénale du président en exercice, nécessaire selon lui, qu’Emmanuel Macron évoque l’hypothèse d’un départ en cas de « vrai désaveu en termes de majorité ».
Il va même plus loin dans ce qui suit, mais qui a été coupé dans l’extrait diffusé en ligne, en se disant favorable à l’élargissement de la procédure de destitution du président : « Je rejoins le ministre, on va avoir besoin d’une clarification du système. Parce que si on va au bout d’une présidentialisation du système, alors il faut des mécanismes de responsabilité politique devant le Parlement qui vont plus loin que ce qu’on a aujourd’hui. Ce qui est autre chose, ce qui est d’avoir une procédure de type ‘impeachment’ (destitution, NDLR). Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui le système ne respire pas suffisamment dans le cadre du quinquennat. Est-ce qu’il faut revenir à un septennat, à un autre rythme ? C’est là où j’ai un conflit d’intérêt, si je puis dire, donc je ne m’exprimerai pas ».
C’est de cette manière que la séquence s’achève. Le président de la République ne précise pas dans quelles situations il verrait le déclenchement d’une telle procédure, qui existe déjà dans un cas très précis. L’article 68 de la Constitution dispose (nouvelle fenêtre) que le chef de l’État « ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », ce qui n’est acté que par « le Parlement constitué en Haute Cour ».
En septembre dernier, LFI a déposé une proposition de destitution d’Emmanuel Macron, qui n’avait pas nommé Lucie Castets à Matignon. Celle-ci a été très largement rejetée (nouvelle fenêtre) un mois plus tard, en Commission des lois de l’Assemblée nationale.
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