- Des internautes affirment que le venin d’abeille serait un nouveau remède contre le cancer du sein.
- Un raccourci qui se base sur une étude réalisée seulement sur des souris.
- Il est donc encore bien trop tôt pour l’envisager comme traitement sur l’humain.
Un traitement miraculeux ? Le venin d’abeille (nouvelle fenêtre) serait capable de soigner le cancer du sein (nouvelle fenêtre), le tout en soixante minutes seulement, selon des publications en ligne reprenant les informations relayées par un internaute sur X (nouvelle fenêtre). Ce dernier rapporte que la mélittine, une molécule présente naturellement dans le venin des abeilles, permettrait d’éliminer « 100% des cellules du cancer triple négatif »
sans aucune chimiothérapie. Une nouvelle rapidement devenue virale : publiée le 27 juillet, elle a atteint 1,6 million de vues en quatre jours. Est-ce vrai ?
Ces résultats s’appuient sur une étude australienne réalisée en 2020. Publiée dans la revue scientifique Nature Precision Oncology
(nouvelle fenêtre), elle s’intitule « Le venin d’abeille tue les cellules cancéreuses du sein »
. Comme l’a mis en avant l’internaute, elle a testé l’effet du venin sur les sous-types cliniques du cancer du sein, y compris sur des formes parmi les plus invasives : les « triple négatifs ». Selon la Société américaine du cancer (nouvelle fenêtre), elles représentent 10% à 15% des cancers du sein. Le venin, associé à la protéine mélittine, réduit de manière « significative, sélective et rapide la viabilité des cellules cancéreuses »
. Par ailleurs, Ciara Duffy, une des auteures de l’étude, assure que ses recherches ont prouvé que « la mélittine peut détruire complètement les membranes des cellules cancéreuses en soixante minutes »
.
L’étude a été réalisée sur des souris
Si ces résultats sont encourageants et servent de fondement à ce que relaie l’internaute, un point important est à souligner : l’étude a été réalisée sur des souris, ce que ne mentionne pas la publication sur X.
Les scientifiques à l’origine de ces travaux ont implanté des cellules cancéreuses dans le corps de rongeurs, et leur ont ensuite injecté une solution comportant une haute concentration en venin. « Actuellement, nous n’avons aucune idée si le venin d’abeille ou la mélittine, un composé du venin, sont efficaces pour traiter les cancers puisque l’étude en question ne portait pas sur l’humain »
, explique à TF1info Thibault Fiolet, docteur en santé publique.
Avant même d’expérimenter cette protéine sur l’Homme, de nombreux tests seront nécessaires. « Il faudra évaluer la toxicité systémique »
, précise le spécialiste. Le venin d’abeille étant une substance allergène puissante, il faut donc isoler les composants efficaces. Des « essais cliniques de phase I pour tester la sécurité »
seront également obligatoires. « Un traitement sera utilisé s’il a une autorisation de mise sur le marché, après avoir démontré l’efficacité et la sécurité du traitement à l’aide d’essais cliniques de phase I, II et III »
, poursuit Thibault Fiolet. Le temps où le venin pourrait éventuellement guérir le cancer du sein est donc encore loin.
Mais la science ne cesse par ailleurs de se réinventer et de nouveaux traitements sont disponibles pour les patients concernés. Le 23 juillet, la Commission européenne a autorisé la mise sur le marché d’un nouveau traitement contre ce cancer. Déjà approuvé en octobre aux États-Unis, il est utilisé lorsque le cancer du sein présente une mutation de gène, soit 40% des cas, d’après le laboratoire qui commercialise le produit. Selon les études menées, il réduirait de 57% le risque d’aggravation de la maladie ou du décès.
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