Le ministre américain de la Santé annonce l’ouverture d’une enquête sur les causes de l’autisme dans le pays.
Mais parler d’ »épidémie d’autisme », comme le fait Robert Kennedy Jr, n’a aucun fondement scientifique.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
« D’ici septembre, nous saurons ce qui a causé l’épidémie d’autisme et nous serons en mesure de l’éliminer. » Ces propos tenus par Robert Kennedy Jr jeudi 10 avril, au cours d’une réunion du cabinet gouvernemental américain, ont été largement repris dans la presse et sur les réseaux sociaux. En substance, le ministre de la Santé a annoncé le lancement d’une enquête (nouvelle fenêtre) afin de déterminer les causes de l’autisme dans le pays et éradiquer ce trouble qui aurait explosé dans la population. Le ministre parle donc d’une véritable « épidémie »… ce qui est parfaitement inexact.
Un antivax à la Santé
D’abord, rappelons brièvement qui est Robert Francis Kennedy Jr. Nommé ministre de la Santé au retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’ancien avocat en droit de l’environnement est célèbre pour son patronyme (il est le neveu de JFK), mais aussi pour ses prises de position controversées. Militant antivax, RFK Jr multiplie les fausses déclarations en matière de santé publique.
À propos de l’autisme, l’ancien avocat avait déjà fait un lien en 2023 (nouvelle fenêtre) avec la vaccination ROR (rougeole-oreillons-rubéole, administrée aux enfants), l’une des fausses théories les plus répandues au sein de la communauté anti-vaccin, et pourtant démentie régulièrement. Il y a encore deux ans, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rappelait que (nouvelle fenêtre) « des recherches approfondies menées sur plusieurs années, utilisant diverses méthodes, ont démontré que le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole ne provoque pas d’autisme ».
Voilà pour le positionnement du ministre de la Santé. Maintenant, que sait-on d’une explosion des cas d’autisme chez les enfants américains ? Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) recensent bien davantage de troubles du spectre autistique (TSA) qu’avant, avec un cas sur 36 en 2020 (nouvelle fenêtre), contre un sur 150 vingt ans plus tôt. Nous avons eu l’occasion de revenir sur cette évolution (nouvelle fenêtre) dans le pays, lorsque ces chiffres avaient déjà été relayés sur les réseaux sociaux. Cela ne traduit pas toutefois l’apparition d’une épidémie, mais plutôt d’un meilleur taux de diagnostic et d’une meilleure prise en compte de ces troubles.
Une meilleure prise en compte du TSA
Ce handicap n’a pas toujours été bien détecté par le corps médical : les CDC soulignent à quel point (nouvelle fenêtre) « le diagnostic du TSA peut être difficile, car il n’existe pas de test médical, comme une analyse sanguine, pour diagnostiquer ce trouble ». Si le nombre de cas parmi la population a augmenté, c’est que ces troubles sont simplement mieux repérés, identifiés. Des chercheurs le soulignent dans une vidéo du Canal Détox (nouvelle fenêtre) de l’Inserm, consacrée à l’autisme. « Il y a une réelle augmentation des diagnostics d’autisme », partage la pédopsychiatre Frédérique Bonnet-Brilhault.
Le neurogénéticien Frédéric Laumonnier y aborde un autre point : celui d’ »une meilleure reconnaissance de l’autisme, aussi bien par les professionnels que par les parents et la population générale, qui fait que des enfants qui n’auraient pas été initialement diagnostiqués, autistes il y a 30 ans, le sont actuellement ». S’agissant du cas américain, des chercheurs ayant des enfants autistes expliquent par ailleurs (nouvelle fenêtre) que le diagnostic du TSA est encore inégal sur le territoire, avec les CDC qui « signalent des variations significatives des taux d’autisme d’un État à l’autre, voire d’un district scolaire à l’autre ». Le nombre de cas par rapport à la population pourrait donc continuer à augmenter.
Enfin, l’annonce par Robert Kennedy Jr d’une nouvelle enquête sur les causes des troubles autistiques est difficile compréhensible, puisque les CDC ont déjà lancé une vaste étude sur le sujet, qui devrait prendre plusieurs années. Comme indiqué sur leur site, les CDC « financent et mènent actuellement l’une des plus grandes études américaines à ce jour, intitulée Study to Explore Early Development (SEED) », qui « contribuera à identifier les facteurs susceptibles d’exposer les enfants à un risque de TSA et d’autres troubles du développement ».
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