- La télévision publique iranienne a été victime d’une cyberattaque, le 18 juin au soir.
- Voici ce que l’on sait de cette opération de piratage, en plein conflit avec Israël.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Pendant un bref instant, la chaine IRIB n’a pas diffusé ses programmes habituels. Mercredi 18 juin dans la soirée, la télévision d’État iranienne a été victime d’un piratage. Des images semblant provenir du mouvement « Femme, Vie, Liberté », né en Iran après la mort tragique de Mahsa Amini, ont été diffusées pendant quelques secondes. Si le moment fut court, il interroge sur les dessous de l’initiative. De son côté, le régime iranien a rapidement accusé Israël d’en être à l’origine.
« Soulevez-vous ! C’est votre moment »
Les images de la cyberattaque ont d’abord été partagées par le quotidien iranien Hamshahri. « Des pirates informatiques auraient infiltré la télévision iranienne et diffusé un appel à manifester »,
écrit le média sur sa chaine Telegram (nouvelle fenêtre), mercredi à 20h47. Le moment devient rapidement viral sur les réseaux sociaux, étant relayé sur Instagram (nouvelle fenêtre) ou par l’association Femme Azadi, sur son compte X (nouvelle fenêtre).
Comme le fait d’ailleurs remarquer le collectif iranien d’opposition, les extraits passés ont appelé au « soulèvement »
des Iraniens face au régime des mollahs. Les images choisies sont celles des manifestations de 2022, lorsque les femmes et une large partie de la population ont aspiré à plus de libertés. On y voit des femmes avec le poing levé et ayant enlevé leur voile, un geste pourtant passible d’emprisonnement et d’internement dans le pays.
صداوسیما رو هک کردند pic.twitter.com/9SgjW9FhbB — مملکته (@mamlekate) June 18, 2025
D’autres extraits plus récents ont été diffusés, ceux des locaux de la radiotélévision en feu après avoir été touchés (nouvelle fenêtre) par un missile israélien. Le tout assorti du logo d’un lion en haut à droite de l’écran, faisant référence sans nul doute à l’opération « Rising Lion » (nouvelle fenêtre), lancée par Israël contre l’Iran vendredi 13 juin.
Des images accompagnées d’un texte, le plus souvent en anglais, parfois en persan, et qui enjoint les Iraniens à la révolte : « Soulevez-vous ! C’est votre moment. Allez prendre le contrôle de votre futur. C’est entre vos mains. C’est possible […] Le régime a échoué à protéger l’espace aérien iranien. Il a échoué dans ses efforts offensifs. Il a aussi échoué à fournir vos besoins primaires, y compris l’eau et l’essence ».
Pas de revendication pour l’heure
Dans un communiqué, la chaine publique a indiqué que la brève interruption des programmes était due « à une interférence du signal satellite par l’ennemi sioniste »,
sans apporter plus d’éléments. D’après le média (nouvelle fenêtre) d’opposition Iran International, cela « suggère que le message n’apparaissait que sur les écrans recevant la chaîne par satellite ».
D’après Damien Bancal, journaliste spécialisé en cybersécurité invité à réagir sur LCI, le piratage de la télévision relève de « l’art de la guerre »
puisque « bloquer la télévision par la diffusion de vidéos, c’est une communication de guerre classique ».
En revanche, aucune entité n’a revendiqué pour l’heure le piratage de la chaine iranienne. On peut toutefois présumer que le groupe à l’origine de deux récentes cyberattaques en Iran n’est pas derrière cette nouvelle opération de déstabilisation. En effet, Gonjeshke Darande (« moineau prédateur », en français) a annoncé sur Telegram avoir piraté la banque en ligne Sepah (nouvelle fenêtre), qui gère les comptes de l’armée iranienne, ainsi que la plateforme de cryptomonnaies Nobitex (nouvelle fenêtre), provoquant la perte de 48 millions de dollars, sans mentionner le piratage de la télévision.
D’autres piratages de la télévision d’État ont eu lieu par le passé, mais avaient tous fait l’objet d’une revendication. Par exemple, en février 2023 (nouvelle fenêtre), le groupe de hackers Edaalate Ali a affirmé être derrière le piratage d’un discours de l’ancien président Ebrahim Raisi, tout comme en octobre 2022 (nouvelle fenêtre), où l’ayatollah Khamenei avait été visé. Aucune communication sur ce nouveau piratage n’a été adressée par les activistes.
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