- Tablettes, ordinateurs et vidéoprojecteurs sont devenus incontournables comme support d’apprentissage pour les écoliers.
- Mais certains établissements scolaires ont choisi de revenir aux manuels en version papier.
- Ce changement a eu un effet immédiat sur la concentration pendant les cours, comme le montre ce reportage de TF1.
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Les enquêtes de FX
Au collège Notre-Dame de la Gare à Paris, les cours de français se font avec de bonnes vieilles photocopies, car les écrans y sont interdits. Ce changement a été immédiat sur la concentration. « Le rapport au papier, à la page, au fait d’écrire, c’est très important. Le bénéfice est immédiat parce que les élèves aiment bien lire, ce qui fait qu’ils s’intéressent et qu’ils vont retenir ce qu’ils apprennent »
, explique Héléna Roussière, professeur de 6ᵉ. Et cela peut paraître surprenant, mais les élèves eux-mêmes l’admettent. « Les écrans, c’est plus pour s’amuser quand on a du temps libre, mais sinon je ne pense pas que ça sert à grand-chose »,
souligne ainsi un jeune garçon dans le reportage du 13H ci-dessus.
« Démence digitale »
Pour autant, ce retour au 100% papier ne s’est pas fait sans peine. Il a fallu convaincre les parents que les cartables allaient redevenir un peu plus lourds, il a aussi fallu persuader les autorités. « On a eu les injonctions à la fois des ministères, des rectorats qui ne subventionnaient que les manuels numériques et plus les manuels papier (…) Donc ça coûte de l’argent »,
affirme Anne-Gaëlle Justome, la cheffe d’établissement, qui ajoute : « Le temps sur le numérique, c’est du temps de volé. Le temps dans les livres, c’est du temps de gagné ».
À l’heure où de plus en plus d’écoles, dès le primaire, imposent la tablette, y compris parfois pour les devoirs du soir, il semblerait que la science lui donne raison. En effet, des images IRM montrent que manipuler des écrans chez l’enfant provoque la sécrétion d’hormones liées au stress. Ces hormones vont jusqu’à détruire des neurones.
Autre problème, la mémoire est beaucoup moins sollicitée face à un écran. « Les radiologues calculent la superficie et voient que pour le papier, ça s’allume beaucoup plus, tandis que pour le digital, ça s’allume moins »,
montre le neurochirurgien Marc Tadié à la caméra de TF1. Les écrans sollicitent donc moins le cerveau que le papier. Et en cas de consommation excessive, on peut même parler de « démence digitale », soit l’incapacité chronique à se concentrer. « Et ça, ça apparaît maintenant vers 25-35 ans. C’est-à-dire des gens qui ont utilisé depuis 10-15 ans de façon plus ou moins compulsive leur smartphone »
, poursuit le scientifique.
On voit que les enfants connaissent moins de mots, ont des compréhensions de langage qui sont moins bonnes. On ne sait pas vraiment si c’est réparable ou pas.
On voit que les enfants connaissent moins de mots, ont des compréhensions de langage qui sont moins bonnes. On ne sait pas vraiment si c’est réparable ou pas.
Jonathan Bernard, chercheur à l’Inserm, spécialiste des écrans
Anne-Hélia Roure, psychiatre de l’enfant, voit de plus en plus d’écoliers qui consultent pour des addictions à l’écran. « J’ai vu des temps d’écran qui allaient jusqu’à 90 heures ou 100 heures/semaine. Ça les réveille
la nuit
. Parfois, certains ont plus de 1.000 notifications par jour »,
indique-t-elle. Dans le détail, « si on regarde les chiffres chez les plus jeunes, 56 minutes d’écran à deux ans, 1h20 à trois ans et demi, 1h34 à cinq ans et demi, avec des conséquences médicales parfois désastreuses »,
ajoute le journaliste de TF1, François-Xavier Ménage.
« On voit que les enfants connaissent moins de mots, ont des compréhensions de langage qui sont moins bonnes. On ne sait pas vraiment si c’est réparable ou pas. En tout cas, on sait que cette période-là, le moment où le langage se construit, c’est un moment qui est très important. Donc en fait, prendre un retard à ce moment-là, ce n’est pas idéal pour le futur »,
alerte Jonathan Bernard, chercheur à l’Inserm, spécialiste des écrans. Il reste cependant des raisons d’être optimistes.
En témoigne le collège sans écran dont nous vous parlions au début de cet article. Tous les jours, la bibliothèque est désormais pleine à craquer. Et une fois par semaine, les élèves gèrent eux-mêmes les emprunts de livres. En outre, une pétition, qui a rassemblé 250 signatures en quelques jours, a permis d’augmenter le budget de l’établissement afin d’obtenir plus de manuels. Dans ce collège, la tyrannie des écrans est pour l’heure stoppée. Big Brother ne fait pas de dégâts, il se dévore plutôt avec les yeux en découvrant le livre de Georges Orwell, 1984
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