Selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée ce mercredi, 1,4% des hommes déclarent avoir subi une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol.
Des faits majoritairement commis durant l’enfance.
Dans 83% des cas, les actes sont perpétrés par d’autres hommes.
Des situations encore peu documentées, mais de plus en plus audibles. Les hommes subissent aussi des violences sexuelles (nouvelle fenêtre), en particulier dans l’enfance (nouvelle fenêtre), mais dans une moindre mesure que les femmes, constate une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) (nouvelle fenêtre) publiée ce mercredi 28 mai.
S’appuyant sur l’enquête Virage (Violences et rapports de genre) de 2015, cette étude révèle que 1,4% des hommes déclarent avoir subi, au cours de leur vie, au moins une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol. Un chiffre toutefois quatre fois moins élevé que chez les femmes (5,5%).
3,9% des hommes victimes de violences sexuelles
Réalisée avant le mouvement de dénonciation des violences sexuelles #Metoo, l’enquête Virage interrogeait un échantillon de plus de 15.000 femmes et 11.000 hommes, âgés de 20 à 69 ans, sur les violences interpersonnelles subies au cours de la vie. L’Ined précise que son analyse « porte sur les attouchements du sexe, les viols et tentatives de viol au cours de la vie », tandis que les hommes déclarant avoir été « frottés ou collés contre leur gré » ne sont pas « comptabilisés comme ayant subi des violences sexuelles », car la question posée aux hommes « ne mentionn[e] pas de partie du corps », contrairement à celle posée aux femmes.
« On ne peut que supposer qu’il s’agit d’une partie sexualisée (fesses, cuisses, sexe). Par conséquent, ces faits ne relèvent d’aucune catégorie juridique », justifie l’Ined (nouvelle fenêtre). Si l’on prend en compte une définition plus large des violences sexuelles subies par les hommes interrogés, le pourcentage de victimes passe donc à 3,9%, comme le souligne l’étude.
« Les hommes sont surtout victimes en tant qu’enfant »
Parmi les hommes qui déclarent avoir subi une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol, 82% ont été agressés lorsqu’ils étaient mineurs. « Les hommes sont surtout victimes en tant qu’enfant », souligne auprès de l’AFP l’autrice de l’étude, Lucie Wicky, docteure à l’Ined et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). « Ils subissent des rapports de pouvoir, la domination masculine et celle des adultes, c’est ce qu’on peut voir par exemple dans l’affaire Bétharram », du nom de l’établissement catholique privé actuellement au cœur d’un scandale de violences sexuelles.
Dans le détail, les agressions et viols subis par les hommes ont eu lieu avant 14 ans pour la moitié d’entre eux et avant 10 ans pour un tiers des victimes. À noter, rares sont les violences subies après 25 ans. « Les violences sexuelles envers les hommes s’étendent donc sur une période de vie plus courte que chez les femmes, qui y sont exposées tout au long de leur vie », révèle ainsi l’étude.
Des faits commis en majorité par l’entourage
Ces violences sexuelles sont majoritairement perpétrées par d’autres hommes : 83% des victimes ont été agressés par un ou plusieurs hommes, 13% par une ou des femmes et 4% par des personnes des deux sexes. Elles sont commises en majorité par des personnes connues des victimes : 43% des hommes déclarent que ces violences sexuelles ont eu lieu dans la famille et l’entourage, 17% dans le milieu scolaire et 16% dans un espace de sociabilité. Il s’agit souvent d’agresseurs « en position de pouvoir », exerçant une autorité sur la victime.
Les garçons qui ont tenté de dénoncer les violences sexuelles subies ont « souvent été ignorés ». Toutefois, lorsqu’ils parlent à l’âge adulte, « l’entourage remet alors rarement en cause leur récit, ce qui n’est pas toujours le cas pour les femmes qui parlent », détaille l’étude. « On sait que plus une victime est soutenue par son entourage, moins les conséquences des violences sexuelles seront lourdes. Or, les hommes sont plus massivement soutenus, donc les conséquences sont moins durables », observe Lucie Wicky. En 2024, le lancement du hashtag #Metoogarçons s’est accompagné de plusieurs centaines de témoignages sur les réseaux sociaux. Avant cela, le sujet a été évoqué lors des mouvements de dénonciations de violences dans l’Église et d’incestes.