Anne Lancien est chercheuse à l’Observatoire international du religieux (CERI/Sciences Po). Après avoir participé à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), elle a publié en 2023, dans la Revue du droit des religions, une étude comparative des différentes commissions ecclésiales de lutte contre ce phénomène à travers le monde. La docteure en science politique analyse le bilan, en la matière, du pape François, mort lundi 21 avril.
Diriez-vous que le pontificat de François fut davantage marqué que celui de ses prédécesseurs par les affaires de violences sexuelles ?
Oui, à l’évidence, mais en précisant quelque peu ce constat. Son pontificat n’a pas été marqué par une augmentation des violences sexuelles : l’étude de la Ciase montre ainsi que le pic des agressions est atteint dans les années 1950-1960. Les prédécesseurs de François ont d’ailleurs connu avant lui des affaires particulièrement marquantes, telle la condamnation de Mgr Pierre Pican [premier évêque de France condamné pour non-dénonciation de crimes pédophiles], sous le pontificat de Jean Paul II. Ce dernier, de même que Benoît XVI, a déjà dû réagir avant lui aux travaux de diverses commissions d’enquête.
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