- Le doomscrolling, aussi appelé défilement morbide au Québec, désigne le fait de regarder sans arrêt des informations négatives sur son smartphone.
- Une habitude liée à l’utilisation des réseaux sociaux qui peut nuire à la santé mentale.
- La psychologue Amélia Lobbé interpelle sur le fait de limiter cette pratique, qu’on la subisse ou non.
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Vie pratique
Le smartphone est omniprésent dans nos vies. Selon le baromètre 2025 de l’Autorité de régulation des communications électroniques sur les équipements et usages numériques, 84% des Français utilisent Internet au quotidien. Près de 60% d’entre eux considèrent passer trop de temps sur les écrans. En passant beaucoup de temps sur le Net, nous faisons face à de nombreuses informations qui peuvent s’apparenter à des nouvelles anxiogènes et des faits divers, et ce de façon intempestive… Cette pratique s’appelle le doomscrolling. Il s’agit de la condensation du mot « doom » qui signifie perte et « scroll » qui désigne le fait de faire défiler les contenus numériques, et ce souvent de façon assez automatique. Si des chercheurs américains relèvent l’apparition de ce terme en 2018 sur X (anciennement Twitter), comme le note France Inter
, le terme s’est popularisé au moment de la crise sanitaire du Covid-19.
Pourquoi « doomscroller » est négatif pour la santé mentale ?
Faire constamment face à des informations négatives n’est pas sans conséquence. D’autant plus que le doomscrolling peut constamment s’immiscer dans le quotidien et notamment chez les jeunes. Une étude réalisée par NordVPN indique que 77% des 18-24 ans font défiler dès le réveil des vidéos sur leurs portables de façon mécanique. De quoi se faire happer par les réseaux sociaux dès le début de la journée. « L’algorithme nous envoie le même type de contenu que ce qu’on a regardé une fois ou deux. Les créateurs de contenus jouent sur notre curiosité morbide et nous bombardent de contenus vulgaires et violents qui suscitent sidération, effroi et inquiétude
« , explique la psychologue Amélia Lobbé sur son compte Instagram. Les études scientifiques montrent que le doomscrolling se nourrit de la notion de FOMO (Fear Of Missing Out) ou la peur de passer à côté de quelque chose.
« Les algorithmes des réseaux sociaux mettent l’accent sur la négativité, ce qui amène notre corps à produire des hormones de stress comme l’adrénaline et le cortisol »
, indique David Nunez, directeur de la technologie et de la stratégie numérique au MIT Museum, auprès de la revue The Conversation
. Selon une étude de l’université texane de technologie réalisée en 2022, 74% des personnes sujettes au doomscrolling déclarent avoir des problèmes de santé mentale. « Notre capacité d’attention est accaparée par les mauvaises nouvelles qui viennent valider nos croyances, telles que « tout va mal », « mieux vaut rester couché », « on va tous mourir »… »
, analyse Amélia Lobbé.
Comment limiter son temps d’écran ?
« Le doomscrolling est un rouleau compresseur qui provoque désarroi, désespoir, anxiété, découragement, symptômes de dépression »
, poursuit la psychologue. C’est pourquoi il est nécessaire de s’en détacher. Si le doomscrolling s’amuse avec le cerveau, il existe des moyens de limiter cette habitude et de reprendre le contrôle sur les contenus. Dans un premier temps, il est possible de tenter de « manipuler » les algorithmes en recherchant et visionnant des contenus plus joyeux ou liés à une passion. Les plateformes redirigent alors vers d’autres contenus du même type. Dans les cas où le temps d’écran est trop important, il est possible de limiter l’accès à certaines applications. Depuis juillet 2024, tous les appareils connectés à Internet doivent disposer d’un logiciel de contrôle du temps d’écran ou plus largement, d’une fonctionnalité de contrôle parental. Il existe aussi d’autres applications dédiées à cela. Leurs fonctionnalités offrent la possibilité de limiter le temps passé sur certaines applications, sur une plage horaire précise ou bien en durée. En réduisant son temps d’écran, cela permet d’absorber moins de contenus et de prendre davantage de recul.