Le sort de l’Ukraine se jouera-t-il sur une veste de costume ? Certainement pas, mais le choix de Volodymyr Zelensky de renoncer à son habituelle tenue d’inspiration militaire pour une mise plus formelle a mis Donald Trump d’excellente humeur pour leur nouvelle rencontre, lundi 18 août. Il n’avait en tout cas rien d’anodin, selon la presse américaine.
« Je n’arrive pas à y croire. J’adore ! » : voici comment le président américain a accueilli son homologue ukrainien avant une réunion cruciale pour l’Ukraine, et même l’Europe tout entière, en désignant la veste noire au boutonnage très haut et la chemise noire au col fermé de son invité.
« C’est ce que j’avais de mieux », a répondu ce dernier, qui n’est pas allé jusqu’à revêtir un costume de ville classique avec chemise claire et cravate. Le président ukrainien portait un costume noir, une chemise noire et un pantalon noir. Un ensemble fait sur mesure par le créateur ukrainien Viktor Anisimov, qu’il avait déjà porté pour les funérailles du pape François, comme le note le New York Times. D’après le média Axios, la Maison Blanche avait demandé en amont de la rencontre aux responsables ukrainiens si le président ukrainien porterait bien cette fois un costume pour la rencontre dans le bureau Ovale.
Lors de sa dernière visite, le 28 février, Volodymyr Zelensky avait été pris à partie sur son costume par Brian Glenn, un présentateur proche du courant MAGA (Make America Great Again, le mouvement créé et incarné par Donald Trump) avant de subir une attaque en règle de la part du vice-président, J. D. Vance, puis du président américain. Selon certains responsables de la Maison Blanche, cités par le New York Times, la tenue kaki de M. Zelensky avait été perçue comme un symbole apparent de son refus de s’incliner devant M. Trump et son vice-président.
Le chef d’Etat ukrainien présente sa tenue emblématique, faite d’un chandail sombre et d’un pantalon de treillis, comme un symbole de solidarité avec les forces armées. « Cette tenue symbolise à la fois son statut de président en temps de guerre et témoigne de sa solidarité avec les hommes et les femmes qui combattent pour son pays », analyse le Times.
« Je me suis changé »
Six mois après le pugilat de février, Brian Glenn était à nouveau de la partie lundi, dans ce bureau Ovale où Donald Trump a fait de la place pour de nombreuses décorations dorées et pour les représentants de médias le soutenant ouvertement. L’animateur de la chaîne Real America’s Voice, compagnon de l’élue de droite radicale Marjorie Taylor Greene, a lancé à Volodymyr Zelensky : « Vous êtes magnifique dans ce costume. » « Je lui ai dit la même chose ! », s’est exclamé Donald Trump, en tapotant l’épaule du président ukrainien. « C’est lui qui vous a attaqué la dernière fois », a-t-il dit-il ensuite à Volodymyr Zelensky. L’ancien comédien de répondre, avec un petit sourire : « Je me souviens. » Puis, pince-sans-rire, il s’est adressé à Brian Glenn : « Vous portez le même costume. Je me suis changé. » La pique a paru beaucoup amuser le président américain, ancien animateur de télé-réalité.
Brian Glenn a demandé ensuite au président ukrainien si, une fois la paix revenue, il s’engageait à organiser des élections. Volodymyr Zelensky a répondu par l’affirmative mais le sujet a éveillé l’intérêt de Donald Trump, qui n’a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020 et a plusieurs fois parlé de se présenter pour un troisième mandat, ce que la Constitution américaine interdit. « Donc si nous sommes en guerre contre quelqu’un, plus d’élections ? C’est bien, ça », a lancé le président américain, sur un ton amusé. « Vous aimez cette idée ! », a noté Volodymyr Zelensky, en riant.
Le chef d’Etat, venu exhorter le président américain à ne pas abandonner son pays face à la Russie, n’a pas seulement changé de tenue et adopté un ton badin. Il a aussi remercié avec insistance son hôte : « Merci pour l’invitation et merci beaucoup pour vos efforts, vos efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre. » Volodymyr Zelensky a également remercié la première dame, Melania Trump, pour avoir écrit une lettre à Vladimir Poutine évoquant le sort des enfants déplacés par la guerre.
La dernière fois, J. D. Vance avait lancé les hostilités contre Volodymyr Zelensky en lui reprochant de ne pas avoir « dit une seule fois merci » pour les dizaines de milliards de dollars d’aide militaire des Etats-Unis. Cette fois le vice-président, à nouveau présent dans le bureau Ovale, est resté muet, du moins tant que les journalistes étaient dans la pièce.
