À la fin du week-end, nombreux sont ceux qui souffrent du blues du dimanche soir.
Maux de tête, angoisse, palpitations… Les symptômes sont nombreux.
Une étude a été menée par l’université d’Exeter afin d’en déterminer les causes et de trouver des solutions pour le combattre.
Tout salarié le sait. Dans la vie d’employé, une certaine routine peut s’installer. Métro, boulot, dodo… Vous connaissez la chanson. Avant de commencer la semaine, une certaine angoisse peut être de plus en plus oppressante à la fin du week-end. C’est ce que l’on appelle plus communément le « blues du dimanche soir ». D’après Florian Ferreri, professeur en psychiatrie, il se caractérise par un « mélange d’ennui profond et de préoccupations ». Dans son ouvrage Vaincre le blues du dimanche soir, publié chez Hachette en 2016, le spécialiste explique qu’il est courant que ce phénomène se traduise par des tensions, une angoisse croissante, des maux de ventre, une forte fatigue, voire des palpitations.
Des chercheurs de l’université d’Exeter ont publié une étude en mars 2023 sur le sujet pour en comprendre les causes. Pour ce faire, les enquêteurs ont interrogé un panel de 650 personnes. Dans la grande majorité des cas, « les gens connaissent des baisses d’énergie le dimanche soir et une augmentation de leur niveau d’énergie le lundi matin, ce qui, selon les chercheurs, peut contribuer à ressentir le blues du dimanche soir », rend compte l’étude.
Comment expliquer le blues du dimanche soir ?
La publication universitaire cite Ilke Inceoglu, professeur de comportement organisationnel et de gestion des ressources humaines à la Business School de l’université d’Exeter. D’après les résultats de l’enquête, il explique le blues du dimanche soir par « l’effacement des frontières entre la maison et le travail ». Et de préciser : « L’érosion des frontières est un problème que nous connaissons tous depuis le confinement et qui a un impact sur notre bien-être. » Ainsi, l’étude met en exergue une déconnexion qui n’est pas respectée par l’employeur ou acceptée de manière insidieuse par les salariés. Le télétravail qui s’est généralisé lors de la crise sanitaire du Covid-19 a accéléré ce mélange entre vie professionnelle et vie privée.
De son côté, Florian Ferreri explique que « beaucoup, par anxiété d’anticipation, parce qu’ils sont consciencieux ou investis dans leur mission, se projettent, dès le dimanche soir, dans leur travail ». Une vision que peut partager le professeur de philosophie Gilles Vervisch. Toutefois, dans son essai Comment échapper à l’ennui du dimanche après-midi (publié chez Flammarion), le philosophe va plus loin dans l’analyse : « Le dimanche est le seul moment de la semaine où l’on se retrouve confronté à soi-même. C’est un miroir tendu qui nous invite à réfléchir au sens de l’existence. C’est surtout cela qui est difficile. »
Des solutions pour le bien-être des salariés
Les chercheurs de l’université d’Exeter ont mené leur étude en collaboration avec Channel 4 et Investors in People. La directrice des ressources humaines de la chaîne de télévision publique britannique, Kirstin Furber, a assuré qu’elle allait proposé des solutions basées sur les retours de l’étude : « Par exemple, nous suggérons aux managers de parler à leurs équipes pour leur demander ce qui les aiderait à être au meilleur de leur forme le lundi, que ce soit un point de situation le lundi matin et/ou un point de départ le vendredi pour réfléchir à la semaine écoulée. » En outre, les managers doivent, autant que faire se peut, éviter d’envoyer des mails pendant le week-end.
Interrogée par Doctissimo, la psychologue Sabrina Philippe estime que « plus la charge de travail est grande, plus la déprime du dimanche soir l’est en général, car l’on a cette impression de manquer de temps ». C’est pourquoi elle enjoint chacun à « réussir à s’en dégager ». La solution pourrait donc être de s’accorder des plages horaires pour faire ce que l’on aime, ce qui évitera de penser à la semaine qui nous attend.