- L’hyper-indépendance est cette volonté de ne dépendre de personne et de se suffire à soi-même.
- Ce comportement est, en réalité, une réponse à un traumatisme profondément ancré.
- À la longue, il peut mener vers l’isolement et impacter la santé mentale.
Refuser de l’aide, ne pas déléguer, ne pas confier ses problèmes, se soigner seul, subvenir soi-même à ses besoins : c’est ce qu’on appelle l’hyper-indépendance, un peu comme dans la chanson de Véronique Sanson, « besoin de personne, pour choisir le chemin de ma vie
« . C’est la volonté de ne pas dépendre de quelqu’un d’autre que soi-même. Ce comportement, adopté par de nombreux adultes, peut être parfois valorisé par la société qui a tendance à récompenser l’individualisme. Pourtant, l’hyper-indépendance est une réponse à un traumatisme qui peut trouver sa source dans l’enfance. Selon une étude publiée dans la revue Research Journal of Psychology
, elle se rapprocherait même de l’attachement évitant : « un traumatisme précoce perturbe la formation d’un attachement sécurisé, incitant les individus à développer des mécanismes d’adaptation centrés sur l’autonomie et le retrait émotionnel
« .
L’hyper-indépendance est une réponse aux blessures de l’enfance et à la négligence émotionnelle ou à la violence qui pousse l’adulte à ne compter que sur lui-même et à se protéger. Il ne fait confiance à personne, estime que demander de l’aide est un signe de faiblesse, ne laisse personne pénétrer sa bulle et se rétracte dès lors que quelqu’un se rapproche trop, afin de ne pas être blessé ou déçu.
Une pression constante
Pour la psychologue Fanélie Raban, l’hyper-indépendance est d’une part une croyance profondément ancrée. Sur son site, « ma psy à distance » : « Ce n’est pas une force, c’est un mécanisme de survie. C’est avoir des gens autour de soi sans jamais pouvoir se reposer sur eux
« . On retrouve, par ailleurs, souvent ce comportement chez les femmes et notamment la fille aînée : « Toujours la plus responsable, celle qui prend soin des autres, surveille la fratrie et devient presque un parent par défaut. À l’âge adulte, cette hyper-responsabilité se traduit par une pression constante de tout faire parfaitement, pour tout le monde
« . Et lorsqu’elle a besoin de soutien, il ne se passe rien, elle ne demande rien. L’hyper-indépendance est aussi associée à un manque de confiance en soi, mais surtout, cette croyance « peut devenir un piège lorsqu’elle se transforme en isolement émotionnel
« .
Comment sortir de l’hyper-indépendance ?
La première étape est de reconnaître le schéma pour pouvoir ensuite travailler dessus. Une fois cette étape passée, il est possible d’en sortir en adoptant des gestes simples : apprendre à déléguer, demander de l’aide pour des petites tâches. « Nul besoin de demander un soutien immense tout de suite. Faites de petites expériences : demandez un coup de main pour une tâche simple. Observez la réaction des autres, remarquez leur bienveillance
« , explique la psychothérapeute.
Mais surtout, il est aussi important de rechercher une aide psychologique en consultant un professionnel. Souvent, ce mécanisme de survie trouve sa source dans des traumatismes profondément ancrés. « La thérapie peut vous aider à comprendre pourquoi vous avez développé ce mécanisme et à trouver un équilibre plus apaisant
« , explique Fanélie Raban. Et de conclure : « se donner la permission de penser et d’agir différemment, c’est lâcher ce bouclier qui protège finalement d’un risque surévalué
« .