Vu à la télé. Tel est l’un des critères dominants dans la composition du cabinet Trump 2, dont les postes essentiels ont été attribués depuis l’élection présidentielle du 5 novembre. Le président élu n’a pas changé. Plus que les notes d’intention, les arguments stratégiques ou l’expérience dans le domaine concerné, Donald Trump veut des ambassadeurs personnels devant les caméras. Des personnes rompues à l’exercice des plateaux, qui défendront son administration sans états d’âme. Difficile de ne pas en voir une confirmation, dans le double choix annoncé mardi 19 novembre : Mehmet Oz comme responsable du programme d’assurance-maladie, et Linda McMahon à la tête du département de l’éducation.
Mehmet Oz est un chirurgien du cœur de formation et une ancienne vedette de la télévision, où il anima une émission portant son nom pendant près de dix ans. Il n’a aucune compétence de gestion, surtout pour une administration aussi tentaculaire. Dans un communiqué, le président élu a affirmé que Mehmet Oz réduira « le gaspillage et la fraude au sein de l’agence gouvernementale la plus coûteuse de notre pays ».
Il travaillera sous l’autorité de Robert F. Kennedy Jr., nommé pour sa part à la tête du département de la santé et des services sociaux. D’origine turque, Mehmet Oz est connu pour avoir régulièrement promu à la télévision des médicaments ou remèdes improbables, supposément miracles. Des scientifiques ont publié plusieurs articles pour dénoncer ses affabulations, comme le fait que les endives, l’oignon rouge et le bar pouvaient faire baisser le risque de cancer des ovaires de 75 %.
En mars 2020, en pleine pandémie de Covid-19, Mehmet Oz était sur Fox News pour vanter les travaux d’un « médecin français » – comprendre Didier Raoult – sur l’hydroxychloroquine, recours prétendument décisif contre le Covid-19. Mehmet Oz disait avoir eu « la mâchoire décrochée » en voyant les résultats des premières études conduites à Marseille et avoir tenté de contacter leur promoteur.
En 2022, le « Dr. Oz » s’est lancé en politique, en se présentant pour un poste de sénateur en Pennsylvanie. Son adversaire, le démocrate John Fetterman, l’a défait en le réduisant à une célébrité du New Jersey, déconnectée des travailleurs. Aujourd’hui, ce même John Fetterman, devenu l’un des élus les plus imprévisibles du Congrès, dit qu’il est prêt à soutenir la nomination de Mehmet Oz, à condition qu’il ne remette pas en cause l’assurance-maladie et l’assurance-vieillesse.
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