Le rappeur Werenoi, numéro un des ventes d’albums en France en 2023 et en 2024, est mort à l’âge de 31 ans, a annoncé son producteur, samedi 17 mai, sur X. « Repose en paix mon frère », a-t-il écrit, sous le pseudonyme de Babs, confirmant ainsi des informations de la presse qui venait d’annoncer la mort du rappeur à l’hôpital.
Jérémy Bana Owona, à l’état civil, a connu une carrière de météore, en s’imposant comme l’artiste ayant vendu le plus d’albums en France deux années de suite, selon les chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP). Si, malgré ce succès immense, il est assez méconnu en dehors des amateurs de rap, c’est qu’il a cultivé une très grande discrétion médiatique.
Werenoi a revendiqué un goût pour la modestie, la réserve et le travail, qui lui aurait été inculqué par sa famille camerounaise. Etre l’artiste qui vend le plus, expliquait-il au Parisien en janvier 2024, « c’est quand même une surprise, mais cela veut dire qu’on a fait du bon travail ». « On ne l’a pas fêté. Il faut garder la tête sur les épaules, dans la vie en général. C’est l’éducation que j’ai reçue », ajoutait-il. « Le succès est arrivé vite, c’est vrai. C’est dû, je pense, à beaucoup de travail. Je passe quasiment ma vie en studio », confiait-il encore.
« Je préfère le mystère »
Originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Werenoi prétendait tout révéler dans ses disques. Diamant noir, son troisième album, sorti en avril 2025, commençait par cette confidence dans le titre Poney : « Je dois me vider le cœur, je dois remplir le cahier. » La journaliste du Monde Stéphanie Binet le chroniquait ainsi :
Quelques notes de piano, une voix légèrement modifiée à l’autotune, une mélancolie feinte et une misogynie crasse (« Elle est bonne, elle est belle/On l’a déjà démontée, on l’a déjà remontée »). Sur Jalouse, il ne crédite même pas la chanteuse Sneaky sur le tracklisting, seuls les rappeurs SDM et Vacra ont cet honneur.
Son univers est sombre, pessimiste, mais ses mélodies sont efficaces, surtout quand il y fait croiser les fines lames comme Damso et Ninho ou les Américains Gunna pour Gulfstream et Lil Tjay pour FTR.
Werenoi s’affichait avec une expression neutre et des lunettes de soleil. L’expression de ses émotions était réservée au public de ses concerts. « Je préfère garder ma vie privée pour moi. A trop parler, tu peux dire ce que tu n’as pas envie de dire. Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes », lâchait-il.