George Washington a mauvaise mine. Il a des autocollants de la tête aux pieds, un keffieh et un drapeau palestinien autour du cou. Le socle de la statue en bronze a été couvert de tags. Le calme règne tout de même au cœur du campus de l’université Washington (GWU), portant le nom du premier président des Etats-Unis. Situé dans le centre de la capitale, à quelques minutes de la Maison Blanche, c’est l’un des lieux de la mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza.
Une cinquantaine de tentes y ont été dressées. Sous le titre « Pas de sionisme ! », un panneau récapitule les consignes pour les participants. Certaines concernent la propreté et les règles de comportement, « Pas de relations sexuelles », « Pas de substances », « Hydratez-vous ». D’autres sont plus stratégiques : « Ne parlez pas aux médias sauf si vous êtes formés », « Ne parlez pas aux flics ». Un stand achalandé propose des plats et des sandwichs. A proximité, un point médical est assuré, au cas où.
La mobilisation a pris de l’ampleur lorsque sept étudiants ont été sanctionnés par la direction de l’université. Le campement réclame l’abandon de ces mesures disciplinaires. Les voitures de police, à proximité, restent feux éteints. Il n’y a pas de débordements. Les barrières métalliques qui avaient été disposées pour réduire le périmètre du campement sont dorénavant empilées au milieu de la place, comme un trophée de guerre.
« Par sécurité », ils sont nombreux à refuser de parler. Ils portent des masques chirurgicaux, pensant échapper à une identification. Un étudiant noir a écrit sur une pancarte une citation de l’écrivain James Baldwin, prétendant que l’Etat hébreu aurait été créé « pour la préservation des intérêts occidentaux ». Serrés par terre, en couleurs vives, des messages à la craie ont été tracés sur le sol en brique, en plusieurs langues, hommage aux révolutions du monde : « La solidarité est un verbe », « Mondialiser l’Intifada », « La libération ou la mort ».
« Tous des victimes d’oppression »
Rawala Al Jariri, 21 ans, a chaud au cœur devant cette mobilisation bigarrée, qui rassemble des militants Black Lives Matter, des LGBTQ et des défenseurs des droits civiques. « Les gens s’engagent avec leur expérience, ce sont tous des victimes d’oppression », dit-elle. Etudiante en psychologie à GWU, elle est la fille de Palestiniens exilés. Son père, entrepreneur dans le bâtiment, a fui en Jordanie, avant de se réfugier aux Etats-Unis. Rawala se souvient d’un jour où sa sœur aînée fut corrigée à l’école. C’était la Journée de la culture mondiale ; chacun pouvait présenter son pays d’origine. « Palestine, ça n’existe pas », avait dit l’enseignante.
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