Yvon Gattaz, ancien président du Conseil national du patronat français (CNPF), de 1981 à 1986, organisation patronale dont est issu le Medef, présidé par son fils Pierre de 2013 à juillet 2018, est mort dans la nuit du mercredi 11 au jeudi 12 décembre, à l’âge de 99 ans, a annoncé sa famille à l’Agence France-Presse. Familier des métaphores, infatigable inventeur de mots et de sigles – qu’il appelait lui-même « gattazismes, gattazeries et gattazinades » –, ce premier créateur d’entreprise à être entré à l’Académie des sciences morales et politiques surnommait la mort « EDF », comme « extinction des feux ».
Jusqu’au bout, celui qui se flattait de s’éloigner de plus en plus d’une retraite qu’il n’avait jamais prise, a déployé une énergie sans limites. Président « à vie » de l’Association Jeunesse et entreprises, qu’il a créée en 1986, il était, depuis 1995, président fondateur de l’Association des moyennes entreprises patrimoniales (ASMEP, devenue Mouvement des entreprises de taille intermédiaire, METI, en 2015). C’est à ces titres que François Hollande l’avait décoré, le 2 avril 2013, de la grand-croix de la Légion d’honneur.
Sa devise : « vite et bien »
Fils et petit-fils d’enseignants catholiques, Yvon Gattaz naît à Bourgoin-Jallieu (Isère) le 17 juin 1925. Meilleur bachelier de son département, il réussit à suivre en une seule année les cours de maths sup et de maths spé au lycée du Parc, à Lyon. Il est déjà tenaillé par l’idée de créer son entreprise. Sorti major de l’Ecole centrale, où il s’était propulsé délégué des élèves, il entre comme ingénieur, en 1948, aux Aciéries du Nord, avant de rejoindre, en 1950, Citroën, comme responsable des achats métallurgiques. A 25 ans, il est sur de bons rails. Mais l’homme est pressé – sa devise est « vite et bien ».
Avec son frère Lucien, il échafaude de multiples projets de création d’entreprise. Ensemble, ils conçoivent des fiches coaxiales de descente d’antenne pour la télévision. Leur modèle est agréé. Et, en 1952, dans un atelier de 110 mètres carrés au fond d’une cour de la rue Oberkampf, dans le 11e arrondissement de Paris, ils fondent la société Radiall. Ils n’ont pas d’argent – leur père est devenu artiste peinte – et ils empruntent à des amis. Forte d’un succès fulgurant, l’entreprise se reconvertit dans les connecteurs pour les radars et les télécommunications et s’implante à Voiron (Isère). Yvon Gattaz en sera le PDG jusqu’en 1993 puis restera président du conseil de surveillance.
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