Le Mouvement du 23 mars (M23) a unilatéralement annoncé, dans un communiqué publié lundi 3 février, un « cessez-le-feu » humanitaire en vigueur à compter du lendemain dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), à quelques jours d’une rencontre entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Le groupe armé anti-gouvernemental et les troupes rwandaises se sont emparés le 27 janvier de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Les combats ont cessé dans la ville de plus d’un million d’habitants, et autant de déplacés, mais des affrontements ont eu lieu ces derniers jours dans la province voisine du Sud-Kivu, faisant craindre une avancée jusqu’à son chef-lieu, Bukavu. Dans son communiqué, le M23 a ajouté n’avoir « aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités ».
Le 30 janvier, le groupe armé avait toutefois déclaré vouloir « continuer la marche de libération » jusqu’à la capitale congolaise, Kinshasa. Selon une source locale à Bukavu interrogée par l’AFP, la ville « reste pour l’instant calme » mais des informations laissent penser que le M23 se « réorganise avec des renforts et des acheminements d’armes pour sans doute aller au front maintenant que les combats ont pris fin à Goma ». Dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, une demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves ont été déclarés entre les deux parties, avant d’être systématiquement rompus.
Craintes d’un embrasement régional
Lundi, la présidence kényane a annoncé que Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame participeraient, samedi 8 février à Dar es-Salaam, en Tanzanie, à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Sur fond de craintes d’un embrasement régional, les seize pays membres de l’organisation régionale d’Afrique australe avaient réclamé, le 31 janvier, « un sommet conjoint » avec les huit pays de l’EAC, dont le Rwanda est membre.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a réitéré lundi son soutien « au peuple de RDC », en réponse à des critiques dans le pays sur la participation de l’Afrique du Sud à la mission de la SADC, déployée depuis 2023 dans le Nord-Kivu. Quatorze soldats sud-africains y ont été tués ces dernières semaines. Les combats ont fait au moins 900 morts, selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU.
« La mission prendra fin en fonction de la mise en œuvre de diverses mesures de confiance et lorsque le cessez-le-feu auquel nous avons appelé prendra racine », a déclaré Cyril Ramaphosa. Le retrait de la mission de la SADC (baptisée SAMIDRC) est exigé par Paul Kagame, pour qui elle n’est « pas une force de maintien de la paix » et n’a « pas sa place dans cette situation ».
La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a d’ailleurs vivement réagi aux propos du président sud-africain. « Vous ne soutenez pas le peuple de RDC pour parvenir à la paix (…). Dites s’il vous plaît à votre peuple la vérité concernant l’intérêt personnel dans les mines que vous avez en RDC – ce sont ces intérêts pour lesquels, malheureusement, des soldats sud-africains meurent », a-t-elle dit sur X.
Manifestations interdites
L’est de la RDC est riche en ressources naturelles, notamment le tantale et l’étain, massivement utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, et l’or. Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller ces ressources. Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer de la région des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.
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A Kinshasa, les appels aux rassemblements pour dénoncer le conflit dans l’est et interpeller la communauté internationale se sont multipliés ces derniers jours, mais les autorités ont interdit jusqu’à nouvel ordre les manifestations pour éviter les débordements.
Les Etats-Unis ont annoncé lundi réduire encore la présence de leur personnel à l’ambassade de Kinshasa. La semaine précédente, ils avaient déjà annoncé le départ de leurs employés non essentiels après des attaques d’ambassades dans la capitale congolaise, dont la leur et celle d’autres pays accusés d’inaction face aux avancées du M23 et des forces armées rwandaises dans l’est.