Quelle plus belle image, pour signifier l’harmonie entre le président de la République et son premier ministre, que cette cérémonie de commémoration du 80e anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945 ? Sous l’arc de Triomphe pavoisé du drapeau tricolore jeudi, Emmanuel Macron, torse bombé, teint hâlé et sourire aux lèvres, savoure un Chant des partisans vigoureusement entonné par le Chœur de l’Armée française. A quelques pas de là, guilleret parmi les mines graves des invités, François Bayrou, en authentique Pyrénéen, chante à gorge déployée l’hymne de la Résistance française durant l’occupation par l’Allemagne nazie.
Unies dans l’hommage aux héros d’hier, les deux têtes de l’exécutif sont en revanche, dans l’exercice du pouvoir, engagées dans un rapport de force permanent, comme l’a laissé transparaître ces derniers jours une série d’annonces à donner le tournis. Le vendredi 2 mai, l’Elysée fait savoir qu’Emmanuel Macron lancera en juin une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant ». Sujet de politique intérieure s’il en est. Deux jours plus tard, François Bayrou dégaine sans crier gare une proposition de référendum sur un retour à l’équilibre des finances publiques, dans une interview au Journal du dimanche. Prérogative présidentielle par excellence. Dès le lendemain, l’entourage de ce dernier contrecarre l’initiative du premier ministre en laissant entendre à une poignée d’éditorialistes reçue à l’Elysée qu’Emmanuel Macron pourrait annoncer, mardi 13 mai sur TF1, la tenue d’un référendum.
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