A 39 ans, Sivan Eldar est une compositrice qui compte dans le paysage contemporain. Si son nom, garant de créations à la fois intuitives et sophistiquées, est bien connu, son parcours l’est beaucoup moins. On sait qu’elle a obtenu en mai 2016 un doctorat de composition à Berkeley (Californie) avec Franck Bedrossian, l’un des trois fondateurs de l’école de la saturation, puis qu’elle a suivi (en 2016-2017) le cursus d’informatique musicale de l’Ircam sous la direction d’Hector Parra, référence dans les relations entre l’instrumental et l’électronique. Mais avant ? Née en Israël, à Tel-Aviv, dans une famille d’origine polonaise et syrienne, Sivan Eldar estime résulter d’« un mélange de cultures dans lequel il est impossible de dire quelle est la source ». Entre l’âge de 5 ans – où elle commence l’apprentissage du piano à Los Angeles – et de 20 ans – quand elle fréquente l’université d’Iqaluit, capitale du Nunavut, un territoire arctique du Canada –, celle qui se sent rapidement à l’étroit, où qu’elle se trouve, va multiplier les sujets d’étude. Et brouiller les pistes de son envol artistique.
Echanges culturels
De retour à Tel-Aviv, après deux années passées à Los Angeles, elle intensifie sa pratique du piano et s’initie à la musique contemporaine. A 15 ans, elle part, seule, poursuivre sa scolarité au Nouveau-Mexique dans un établissement qui favorise les échanges culturels. Elle y passe son bac, puis déménage à Boston où elle est attirée par tout ce qui sort de l’ordinaire, au Conservatoire (thérapie musicale, ethnomusicologie) et au musée des Beaux-Arts (travail du son à l’aide d’un PC). En fait, avec Sivan Eldar, il en va du parcours biographique comme de la ligne musicale, l’essentiel se déroule en dessous. Dans un documentaire tourné sur le travail préparatoire à son premier opéra, Like Flesh (2022), on voit la compositrice décortiquer méticuleusement des crevettes… dans la chambre anéchoïque de l’Ircam. Pour capter le son de la matière sans peau et pour expérimenter une démarche qui lui est chère : « Aller au-dessous des choses. »
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