Par rapport aux précédentes Conférences des parties sur les changements climatiques (COP), celle qui se tient à Belem, au Brésil, du 10 au 21 novembre, se distingue par deux grandes nouveautés : l’absence des Etats-Unis, devenus climatosceptique, et le zèle de la Chine, qui se présente désormais comme le leader mondial de l’économie verte, parvenant à faire oublier qu’elle reste le plus grand pollueur de la planète.
En quelques années, le discours de la Chine a changé du tout au tout. Au moment de l’accord de Paris, il y a dix ans, elle avait refusé de s’engager sur une réduction des gaz à effet de serre. Selon Pékin, cette affaire de réchauffement climatique était une ruse de l’Occident pour l’affaiblir et bloquer le légitime « rattrapage » industriel des pays du Sud. En septembre, à New York, pour la première fois, elle a annoncé un engagement chiffré et formel : une baisse de 7 % à 10 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035. Un virage salué par les participants de la COP30.
La Chine peut se vanter d’être à l’origine d’une véritable révolution énergétique : la chute des prix des renouvelables. En inondant la planète de panneaux photovoltaïques (dont elle contrôle 80 % du marché), elle a conduit à rendre l’énergie solaire hautement compétitive – le coût de production du kilowattheure a été divisé par quatre en quinze ans. Elle poursuit son offensive sur les batteries, les véhicules électriques, les éoliennes. Elle s’appuie dans sa stratégie sur son immense marché et sur une alliance entre planification et concurrence dont elle a le secret. La Chine a d’ailleurs battu un record en octobre : les voitures électriques ou hybrides ont représenté 52 % des voitures neuves vendues, contre 20 % à la même période en 2024.
Sacré effort
Certes, le bureau politique du Parti communiste chinois n’est pas une bande d’adeptes du « buen vivir » (« bien-vivre ») rêvant de potagers collaboratifs et de droits civiques pour les fleuves. Nous sommes encore, en matière de business et de realpolitik, chez les carnivores. Si les Chinois se sont lancés dans ces investissements massifs dans les renouvelables, c’est avant tout pour des raisons économiques (se doter d’un nouveau moteur pour les exportations), géostratégiques (sortir de la dépendance au pétrole, imposer les standards des nouvelles énergies, créer des positions de monopoles), diplomatiques (tisser un soft power énergétique pour séduire le Sud global, profiter du retrait américain sur ces questions).
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