Des armes saisies à l’État islamique (EI), présentées par les Forces de mobilisation populaire (FMP) lors d’une conférence de presse à Bagdad, le 12 janvier 2023.

De son sanctuaire syrien, le désert de la Badiya, au sud de l’Euphrate, où elle a reconstruit ses capacités opérationnelles, l’organisation Etat islamique (EI) étend son influence de l’est d’Homs jusqu’à la province de Diyala, à la frontière entre l’Irak et l’Iran. Cinq ans après la défaite de Baghouz, en mars 2019, qui avait marqué l’effondrement du « califat », qu’il avait proclamé sur un tiers de l’Irak et de la Syrie en 2014, le mouvement djihadiste au drapeau noir est engagé dans une guerre d’usure. Attelées à reconstituer leurs réseaux, ses cellules mènent des embuscades meurtrières et, parfois, des attaques d’envergure.

« Nous continuons de voir une menace réelle en Irak et en Syrie », a souligné Ian McCary, l’envoyé spécial adjoint auprès de la coalition internationale de lutte anti-EI au département d’Etat américain, dans un entretien pour le Washington Institute for Near East Policy (Winep), le 21 mars. L’action que mène la coalition en appui aux Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde), dans le Nord-Est syrien, et aux forces irakiennes depuis 2014 a toutefois « considérablement réduit la capacité de l’organisation à mener des attaques », a-t-il précisé. Depuis mars 2023, seulement un tiers des 1 120 attaques revendiquées par l’EI dans le monde ont eu lieu en Irak et en Syrie, a recensé Aaron Zelin, expert au Winep, tandis que ses franchises en Afghanistan et en Afrique montent en puissance.

Si la répétition d’un scénario qui verrait l’Etat islamique prendre à nouveau le contrôle de territoires entiers, en Syrie et en Irak, semble exclue, le risque d’une résurgence du groupe djihadiste est pointé par les experts onusiens chargés d’évaluer cette menace, et ce, malgré des pertes significatives dans la direction du groupe. Dans un rapport daté de février, ils estiment que l’EI dispose encore de 3 000 à 5 000 membres en Syrie et en Irak.

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L’effondrement des institutions étatiques syriennes et la fragmentation du paysage milicien en Syrie ont permis à l’organisation de se constituer un sanctuaire dans le désert de la Badiya, une zone de trafics sous le contrôle des forces loyales au président Bachar Al-Assad et de milices pro-iraniennes, notent Patrick Haenni et Arthur Quesnay dans une note pour l’Institut universitaire européen.

Libération de combattants aguerris

Au-delà, l’Etat islamique étend son influence jusque dans les provinces de Rakka et de Deir ez-Zor, là où les forces kurdes peinent à imposer leur contrôle à la population arabe. Dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, où plusieurs de ses chefs ont trouvé refuge avant d’y être éliminés, l’EI tire partie du faible contrôle que le groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham, la force dominante dans cette région, exerce sur les zones rurales. En Irak, l’organisation se recompose dans les territoires disputés entre Bagdad et Erbil, dans le nord-est du pays, ainsi que dans les provinces en proie à des tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, et parmi les millions de personnes déplacées dans des campements informels depuis la fin de la guerre contre l’EI, en 2017.

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