- La grève des contrôleurs aériens français a perturbé le trafic dans l’Hexagone, mais a surtout provoqué la colère de nombreux acteurs européens.
- Ryanair a, par exemple, demandé à la Commission européenne de prendre des mesures urgentes.
- D’autres pointent le fait que le système français est « l’un des maillons les plus faibles du système européen ».
- Pourquoi ? TF1 s’est penché sur la question.
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Le 20H
C’est un mouvement de grève qui a du mal à passer au niveau européen. Les contrôleurs aériens français (ATC) ont cessé le travail durant 48h, jeudi 3 et vendredi 4 juillet, provoquant d’importants retards et des annulations de vols pour des milliers de passagers. Au cœur de leurs revendications : de meilleures conditions de travail, mais aussi l’instauration d’un système de « pointeuse ». Mais ce mouvement a braqué tous les projecteurs sur l’ATC français, provoquant la colère de compagnies aériennes européennes. Le patron de Ryanair a même pris la parole sur ses réseaux sociaux pour dénoncer le mouvement.
« Ces grèves sont inacceptables. La question est : pourquoi l’Union européenne ne protège pas ces vols ? »
, a fustigé Michael O’Leary. Et ce n’est pas la première fois que le patron s’en prend aux contrôleurs français. Avant le mouvement de grève, il s’était déjà moqué du nombre de retards dans les vols causés par la France. De son côté, l’Association Airlines for Europe (A4E) a aussi dénoncé la situation : « Déjà en 2025, l’ATC français s’est avéré être l’un des maillons les plus faibles du système ATC européen, affichant certains des pires records de retard d’Europe ».
« Clairances » et manque de modernisation
Comment expliquer cette situation ? Notamment parce que l’ATC français a raté le coche de la modernisation. Les syndicats ont longtemps bloqué tout changement dans son fonctionnement. Résultat, il affiche près de 20 ans de retard sur nos voisins européens. Par exemple, en Suède, grâce à de nouveaux outils technologiques, le pays n’a besoin que d’une seule tour de contrôle pour l’ensemble de son territoire. En France, près de 80 tours de contrôle sont en service. Et lorsque l’une d’elle ne fonctionne pas, les autres ne peuvent pas prendre le relais.
Autre point de blocage, du côté humain cette fois : les contrôleurs français sont moins bien payés que leurs voisins. Autour de 8.000 euros par mois. En revanche, ils travaillent moins, 155 jours par an, contre 211 en Allemagne, ou 220 en Angleterre pour un poste à 100%. Mais selon Vincent Capo-Canellas, sénateur de la Seine-Saint-Denis, les contrôleurs français ne travailleraient, la plupart du temps, qu’à 80%.
Car jusqu’à présent, ils avaient le droit à des « clairances », une sorte de RTT officieuse qui « permettait à un certain nombre de chefs de salle d’autoriser leurs collègues à ne pas venir travailler quand ils estimaient que le trafic permettait de réduire le personnel. C’était très choquant car dans la fonction publique, il faut faire son temps de travail, en l’occurrence, ils ne le faisaient pas »,
déplore, dans le reportage en tête de cet article, Vincent Capo-Canellas.
Des absences tolérées, mais qui, mal gérées, ont pu entraîner des retards coûteux pour les compagnies aériennes : une minute de regard correspond environ à 100 euros perdus. Par ailleurs, la pratique, aujourd’hui supprimée, avait failli provoquer un grave accident en décembre 2022 à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Ce jour-là, un avion de la compagnie EasyJet avait failli percuter un petit appareil de tourisme.
L’enquête du Bureau d’enquête et d’analyse (BEA) avait relevé qu’un « nombre insuffisant de contrôleurs étaient présents » sur le lieu de travail alors que « le chef de tour avait, en accord avec son équipe, modifié à la baisse les effectifs prévus ». Lors de l’accident, seuls trois contrôleurs sur les six prévus étaient en effet en poste.