Les débuts de la présidence de Donald Trump lancent un défi à l’Europe : ne plus compter que sur nous-même pour notre sécurité. Nous ne sommes ni en guerre ni en économie de guerre, mais nous devons entrer résolument en économie de défense.
Militairement, la France est sans doute, avec le Royaume-Uni, le pays européen le mieux préparé au nouvel état du monde. Nos fragilités sont ailleurs. Après l’intervention solennelle du président de la République, le 5 mars, le débat a rapidement pris, à raison, un tour économique et social. La « souveraineté » et la « défense » ne reposent pas uniquement sur la dissuasion nucléaire, notre modèle complet d’armée et une filière industrielle d’armement de premier plan. Notre résilience collective face aux chocs extérieurs, de quelque nature qu’ils soient, repose aussi sur la puissance économique et la cohésion nationale.
Comme l’a souligné le rapport Draghi, l’Europe risque le décrochage. Et la France un décrochage encore plus important. Entre 2000 et 2022, la richesse par habitant a augmenté de 15 % dans notre pays, contre 25 % en Allemagne et 30 % aux Etats-Unis. Un modèle économique n’est pas tout à fait un « modèle » quand il repose à l’excès sur la consommation et pas assez sur la production. Il en est de même pour un modèle social financé par le déficit et la dette. Cet appauvrissement progressif n’est pas nouveau. Longtemps, nous nous en sommes collectivement accommodés, mais le contexte actuel le met en exergue et nous fragilise.
Pour rester autonomes et souverains, deux options nous sont interdites : disqualifier la question sociale au nom de l’impératif géopolitique et opposer les deux. La transformation de notre modèle économique et social devient plus que jamais urgente : il est à bout de souffle, et ce indépendamment de la situation internationale actuelle. Il n’est pas question de le « sacrifier », mais de l’améliorer, en plaçant le travail au centre : le travail est le fondement de la prospérité collective et de la cohésion sociale, l’assurance-vie de la nation.
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