Sébastien (il n’a pas donné son nom) a une prison depuis six ans : elle s’appelle… le vélo. Une torture, un calvaire. Sur sa selle, il ne prend aucun plaisir. Jamais. Pourtant, il est totalement incapable de s’en passer. « Il faut que je me défonce. Sans cela, je vais très mal et je fais vivre un enfer à mon entourage. »
La routine quotidienne de ce professeur d’EPS de 46 ans parle d’elle-même : au lever, quarante-cinq minutes de renforcement à base de pompes et d’abdos. Puis « 80 kilomètres par jour pour rejoindre mon lycée de la région nantaise, sans oublier les 40 bornes de plus pour encadrer l’option sportive VTT, dont je suis responsable. Soit 30 000 kilomètres de vélo par an et trente heures de sport par semaine. Là, je suis à la montagne. Inconcevable de partir sans mon home-trainer. »
Sébastien se comporte comme un vrai drogué, prêt à tout pour avoir sa dose, quitte à renoncer aux occasions d’une vie, comme ce voyage en Tanzanie. Sa famille est partie sans lui ; il est resté seul avec son vélo. « Le pire, c’est que pour les gens, je suis un exemple. Le sport, c’est forcément bon. » Le docteur Stéphane Prétagut, chef du service d’addictologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, qui suit Sébastien depuis deux ans, le confirme. « C’est un peu tabou de dire que le sport peut faire du mal. C’est une addiction positive, encore plus pour les jeunes, qui sont très sensibles aux idéaux valorisés par la société. »
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