Les plantes vertes, aux beaux jours, se jouent des noirs desseins humains. « Tandis qu’à leurs œuvres perverses/Les hommes courent haletants,/ Mars qui rit, malgré les averses,/ Prépare en secret le printemps », pointait le poète Théophile Gautier en 1852 (Emaux et camées).
Quand la nature se réveille, les envahisseurs de tout poil aussi sortent de leur torpeur. Et les végétaux relancent leurs défenses. Pour autant, leur immunité reste un monde occulte. Jusqu’ici, « elle n’avait pas été étudiée à l’échelle cellulaire », note le biologiste Sophien Kamoun, de l’université de Cambridge (Royaume-Uni). La question, pourtant, a de quoi intriguer. Les végétaux, ancrés au sol par leurs racines, ont dû s’adapter à cette implacable contrainte : dès lors, leurs cellules ont développé une singulière souplesse. Chacune d’elles, loin d’être cantonnée aux mêmes tâches sa vie durant, peut aisément, au gré des circonstances, changer de missions au sein de la plante – en contraste frappant avec les fonctions quasi figées d’une même cellule dans un organisme animal.
L’immunité des plantes en offre un saisissant exemple. Contrairement aux animaux, les végétaux n’ont pas d’immunité acquise, c’est-à-dire apprise au fil des infections ou des vaccinations passées. « Les plantes n’ont pas de cellules immunitaires mobiles et spécialisées comme nous, raconte Joseph Ecker, biologiste au Salk Institute (Californie). Elles doivent donc mettre au point un système entièrement différent, où chaque cellule peut répondre aux attaques microbiennes sans sacrifier ses autres fonctions », comme la photosynthèse ou la croissance.
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