Comment contribuer à plus de diversité dans la magistrature ? Depuis janvier, l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis propose aux diplômés de master 2 en droit une préparation au concours de la magistrature. « Nous voulions pouvoir garder nos bons étudiants et les préparer efficacement à ce concours très sélectif, explique Benjamin Fiorini, directeur de l’Institut d’études judiciaires (IEJ) de Paris-VIII. Jusque-là, c’était un crève-cœur de leur dire : vous devez partir car on n’a pas la structure adéquate. »
Magistrate au parquet général de la Cour de cassation, Isabelle Roques a tout de suite accepté d’y enseigner : « J’ai moi-même effectué mes quatre premières années de droit dans une université de banlieue [à Cergy] et j’en avais assez d’entendre dire que les seules bonnes facs sont à Paris. »
De fait, selon les professeurs interrogés, qui sont tous passés par d’autres établissements, les étudiants ont le même niveau ici que dans d’autres universités plus réputées. « Souvent, ce qui fait la différence, c’est la question des codes, que l’on acquiert par son entourage familial », souligne Benjamin Fiorini. Même si l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) a lancé des classes prépa « talents » pour atténuer ces biais et fait évoluer son concours, l’épreuve de culture générale reste redoutée. « Lorsque vous regardez la sociologie des diplômés de l’école, vous voyez bien qu’ils viennent de milieux privilégiés. Les étudiants des quartiers populaires n’ont pas le même capital culturel », observe Tom Séon, attaché de justice au tribunal judiciaire de Nanterre, enseignant en procédure pénale dans la prépa et ancien élève de Paris-VIII.
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