Le nouveau film de Quentin Dupieux – L’Accident de piano – met en scène une jeune femme atteinte d’une insensibilité congénitale à la douleur, devenue millionnaire en s’infligeant les pires mutilations sur les réseaux sociaux. Interprété par une Adèle Exarchopoulos caverneuse et semeuse d’épouvante, ce film est une parabole atroce sur les conditions contemporaines de la célébrité. Avec la part faite à la caricature, le film semble monstrueusement reformuler les hypothèses du passionnant ouvrage de Nathalie Heinich De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique (Gallimard, 2012). Sociologue émérite au CNRS, spécialiste de la sociologie de l’art, Nathalie Heinich vient de publier Penser contre son camp. Itinéraire politique d’une intellectuelle de gauche (Gallimard, 176 pages, 18 euros). Elle livre son analyse des idées véhiculées par le long-métrage de Quentin Dupieux.
En exergue à votre livre « De la visibilité », il y avait cette citation d’Andy Warhol : « Je suis surtout connu pour ma notoriété. » Pourriez-vous nous résumer les 600 pages qui suivent ?
Il vous reste 81.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
