Plusieurs femmes ont porté plainte pour voyeurisme et agression sexuelle dans des piscines municipales.
Un homme a été arrêté en début avril, alors qu’il filmait une nageuse à son insu.
Sur les réseaux sociaux, des centaines de témoignages de victimes déferlent.
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Le 20H
Il y a un an, comme à son habitude, Théa se rend seule à la piscine de son quartier. Mais cette fois, elle est victime d’une agression. « Ce jour-là, j’ai fait des longueurs et je me suis ensuite enfermée dans une douche close près des vestiaires. J’ai commencé à prendre ma douche », raconte-t-elle dans le reportage du 20H ci-dessus. « Et là, je vois l’ombre d’un nez. En m’accroupissant, j’ai vu un homme qui me regardait nue, me doucher, qui était en train de se masturber en même temps », témoigne la jeune femme, qui réagit immédiatement.
« La première chose que j’ai faite, c’est que j’ai mis ma serviette autour de moi, j’ai sorti mon portable et je l’ai pris en photo. Je voulais qu’on puisse le reconnaître et l’identifier », explique-t-elle au micro de TF1. Retenu sur les lieux par le personnel, l’homme tente alors de dissuader Théa de porter plainte. Elle enregistre leur confrontation. « Je m’excuse, mais franchement, ça va faire un scandale, ça va casser ma vie. J’ai des enfants, madame. S’il vous plaît, madame. Je ne suis pas quelqu’un de mal », affirme l’homme d’une voix plaintive. « Mais pourquoi vous avez fait ça, alors ? C’est trop facile. Du coup, vous pouvez commettre des choses qui sont hors la loi et que ça ne vous cause aucun préjudice. Mais c’est pas possible, monsieur », lui répond Théa.
Il n’a pas répondu de ses actes devant la justice et ça, ça a rajouté à mon traumatisme, clairement.
Il n’a pas répondu de ses actes devant la justice et ça, ça a rajouté à mon traumatisme, clairement.
Théa
« J’avais toutes les preuves et j’étais rassurée sur le fait que l’alerte avait été donnée, qu’il allait être arrêté », se souvient-elle. Mais quand la police municipale arrive, 45 minutes plus tard, l’homme a forcé le passage et pris la fuite. Il est inconnu des services de police, qui ne sont pas parvenus à l’identifier. La plainte de Théa sera donc classée sans suite. « Il n’a pas répondu de ses actes devant la justice et ça, ça a rajouté à mon traumatisme, clairement », estime la jeune femme.
L’histoire de Théa n’est pas un cas isolé. Le mois dernier, sur les réseaux sociaux, une journaliste du Monde lançait l’alerte après avoir été filmée dans des conditions analogues. Sous sa publication, des centaines de témoignages de femmes affluent. « Un téléphone qui pointe son nez, caméra vers le haut, sous la paroi de ma cabine », rapporte l’une d’elles. « Même expérience il y a 10 ans en Auvergne« , raconte une autre.
En réponse, la mairie de Paris a lancé un audit dans les piscines de la ville, concernées par de nombreux témoignages, et rappelle les consignes. En cas d’agression, il faut contacter la police nationale. Certaines structures choisissent de prendre les devants, comme la piscine du Calvados visitée par notre équipe. « Les photos sont interdites, on n’autorise pas du tout les portables, aussi bien dans les vestiaires que dans les bassins », explique Emily Cousin-Heuline, responsable de ce centre aquatique Aquasud, à Thury-Harcourt-le-Hom.
En plus de l’interdiction des téléphones, une employée passe régulièrement dans les vestiaires. Des lieux souvent mixtes par manque de place. Difficile alors de jongler entre sécurité et vie privée. Un système de vidéosurveillance a été installé pour sécuriser les vestiaires. Pour l’intimité des usagers, l’intérieur n’est pas visible, mais l’extérieur est contrôlé en permanence par une opératrice. Depuis la mise en place de ce dispositif, aucune agression, ni fait de voyeurisme, n’a été constaté.